Dimanche dernier, à la fin de l’eucharistie, au moment de la bénédiction et de
l’envoi des membres des Aumôneries, j’ai fait allusion à cette jeune fille que
nous avons tous pu voir, depuis des années au moment du Téléthon, Jeanne
PELAT. Dans le livret qui servait à préparer cette journée, elle donne son
témoignage. Elle est myopathe, en fauteuil roulant. Et à 21 ans elle annonce
qu’elle va tenter d’entrer dans une communauté monastique. Son combat est
de tous les instants et elle ose dire que sa maladie est une chance. Quand j’ai
dit cela dimanche, j’ai vu les réactions de plusieurs d’entre vous. Ce n’est pas
possible, on ne peut pas dire que la maladie est une chance. Evidemment tout
le monde ne va pas penser cela, mais pour Jeanne un long cheminement l’a
amenée à pouvoir le dire.
Cela me rappelle une personne très handicapée, engagée à fond dans la FCPMH et qui me disait : « Ce handicap est lourd à porter pour moi et mes proches, mais il m’a donné une ouverture et des amis
comme jamais je n’en aurais eu en étant valide. » Françoise, comme Jeanne,
avait fait un tel cheminement pour en arriver là et pour découvrir que le Christ
cheminait avec elle dans les bons et les mauvais moments.
N’allons pas dire à des pauvres, à des malades, à des mal-aimés, à des victimes
de l’injustice que c’est une chance. Nous devons tout faire pour combattre ces
fléaux. Nous devons nous battre pour que la pauvreté recule, pour que la
justice soit la meilleure possible, pour que la maladie n’ait pas le dessus. C’est
notre mission. Mais en même temps nous sommes invités à être les témoins,
souvent émerveillés, de l’œuvre du Christ dans la vie des hommes.
Je suis invité à découvrir que le Christ continue à être présent à toute vie humaine même si
elle semble bien malmenée. Le Christ ne nous abandonne pas. Les béatitudes,
nous les vivons rarement comme nous l’avions plus ou moins programmé.
Dans toutes les circonstances de la vie, moments heureux ou malheureux, elles sont
là et elles nous appellent. C’est ce que me disait Eliane, cette jeune femme qui
venait de perdre son mari, décédé d’une sclérose en plaques galopante. Elle
me demandait de prendre les béatitudes pour les obsèques parce que c’était
déjà cet Evangile qu’ils avaient choisi pour leur mariage et elle me disait : « Les
béatitudes, nous ne les avons pas vécues comme nous le pensions, mais elles
ont été présentes à notre couple pendant notre vie de couple et durant toute
la maladie de Bernard. »
Oui, souvenons-nous que le Christ a lui-même vécu les moments difficiles de sa
vie en communion avec son Père. Son désir de faire sa volonté ne l’a pas
empêché de lui demander d’éloigner le calice de sa vie. Jésus nous montre le
chemin et ne nous interdit pas la révolte devant le mal insupportable. Nous
avons le droit de nous révolter, d’engueuler Dieu. Cette réaction est saine et
souvent c’est la réaction qui nous permet de nous remettre en selle. Mais la
réaction du Christ va jusqu’à dire : « Que ta volonté soit faite et non la
mienne ! » C’est bien le chemin qui nous est proposé à nous aussi d’une
certaine manière à travers les béatitudes. Cela suppose un long apprentissage,
de longues heures de méditation, de communion avec le Christ. Et nous ne
savons pas si nous en serons capables. Pourtant le Christ nous dit que là est le
chemin du bonheur.
chemin en nous, de creuser ce chemin qui n’est autre que le chemin du Christ.
Peu à peu nous laisserons nos vies s’imprégner de ce beau portrait du Christ
que sont pour nous les béatitudes. Pourrons-nous alors laisser tant de pauvres
dans la pauvreté absolue alors que les richesses sont accumulées dans les
poches de quelques centaines de super-riches ? Cela ne nous fera-t’il pas crier
justice pour tous ? Laisserons-nous des personnes dans la solitude absolue sans
bouger pour casser cette solitude ? Autrement dit les béatitudes nous
habiteront-elles au point de nous désinstaller, de nous faire sortir de notre
confort ? Et ces béatitudes nous aideront-elles, le moment venu, à dire avec le
Christ : « Que ta volonté soit faite ! » Les béatitudes n’ont rien d’un discours
lénifiant. Elles sont au contraire un appel à aller toujours de l’avant.
Jésus, toi le pauvre, le doux, le miséricordieux, le faiseur de justice et de paix,
mets au cœur des croyants que nous sommes le désir de vivre comme toi.
Aide-nous à entendre le mot que tu proposes aujourd’hui : « Heureux ! »
Heureux de croire, heureux de témoigner de ton amour, heureux de prendre ta
main et de la tendre à tous nos voisins. Oui, Seigneur, rends nous heureux en
nous faisant entrer dans ton intimité, heureux de partager ta paix et ta joie.
AMEN !
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