mardi 3 septembre 2019

Homélie du Père Jacques PISSIER - 22ème dimanche du temps ordinaire - année C - 31 août 2019 - Ingré


Jésus était-il au dernier repas partagé où j’étais ? Partout des places réservées par les premiers arrivés, sauf une table avec une personne seule, sans doute pas connue et donc pas invitée ? Ou à l’apéritif municipal où l’on joue des coudes pour accéder au buffet ? Et encore n’a-t-il pas connu la caravane du tour de France : à qui se jettera le plus fort sur la casquette Cochonou atterrie sur les pieds du voisin. Bref, quand j’entends Jésus, je pense aux autres… en oubliant les moments où je suis sur le devant, vous l’aviez remarqué, n’est-ce pas ?

Ben Sira le Sage a du sursauter quand j’ai entendu une future mariée déclarer : Un homme, ça n’écoute pas, c’est énervant, ça écoute sans écouter. Je n’ai pas compris la suite, car… je regardais qui venait de m’envoyer un message. Cela vous arrive aussi ? Comme j’ai l’impression de ne pas être seul dans ce cas, je vous invite à aller voir du côté de Jésus.

Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur. Pascal dit : Jésus a tellement pris la dernière place que personne n’a pu lui ravir. C’est vrai : il n’a jamais convoité les premières places. Au contraire il a su rejoindre aux dernières places les malades, les pécheurs, et les condamnés à mort.

Que c’est difficile de ne pas se mettre au centre du monde et jouer la vedette. La condition de l’orgueilleux est sans remède, la racine du mal est en lui. Il est incapable de recevoir une parole autre que celle qui va dans son sens. On dit que l’orgueil est si tenace qu’il meurt un quart d’heure après la personne.

L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. L’humble a conscience de ce qu’il est, sans se dévaloriser, et aussi de ce qui lui manque. Il est disposé à se laisser enseigner par l’autre, même le plus jeune qu’il enseigne. Il rejoint le petit Samuel : Parle Seigneur, ton serviteur écoute ; ou Marie : que ta parole s’accomplisse en moi.

Saint Paul écrit : Considérez les autres supérieurs à vous-mêmes. C’est alors que vous pourrez rejoindre ceux qui sont le plus dans le besoin, ils vous sentiront disponibles, attentifs à découvrir qui ils sont, au-delà des apparences, sans jugement. N’invite pas de riches voisins qui pourront te rendre la pareille, mais des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Heureux seras-tu.

Le jour de la rentrée, ils seront là sur le trottoir, perdus avant de rentrer, au bout de la table moins hardis et moins bien servis, dans un coin de la cour ne connaissant personne. Enfants handicapés, enfants de réfugiés non scolarisés, et combien d’innombrables personnes qui n’ont pas de place à la table du respect de leurs droits ou de leur dignité.

Seigneur Jésus, tu n’as pas revendiqué le droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais tu t’es abaissé, jusqu’à la croix. Montre-nous le chemin de l’humilité, reconnaissant tout ce que nous avons reçu de toi. Montre à ton Eglise comment rejoindre et accueillir ceux qui sont ton image, comme tu nous accueilles, tout pécheurs que nous sommes, à la table de ton Eucharistie. 

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