samedi 29 février 2020

Homélie du 1er dimanche de Carême par le p. Louis Raymond

Homélie du 1 er dimanche de Carême 2020

Donc, le Christ, lui aussi, a été tenté… Pourquoi ? On sait bien que le péché
n’est pas en lui. Mais là encore il nous montre qu’il s’est fait vraiment homme
et qu’il veut vivre la vie humaine entièrement. Il ne fait pas semblant. Et les
tentations du Christ sont celles de tout homme : celle de la faim, du pouvoir et
de la domination, et de l’avoir plus que de raison. Notre Eglise est secouée
depuis toujours par ces tentations, ces volontés immodérées de puissance, de
possession. Le Christ, évidemment, a toujours des arguments face à Satan. Il ne
le laisse pas entrer dans son cœur. Il réfute toujours les attaques. Lui, il est fort.
Ce n’est pas tout à fait notre cas. Devant la tentation nous sommes souvent
démunis. Et l’Eglise du Christ en fait l’amère expérience ces dernières années.
Le mal s’insinue là où on ne l’attend pas et, par faiblesse ou une confiance trop
grande en nos forces personnelles, nous pouvons tomber dans le panneau.
Après la sidération à la suite des révélations sur Jean Vannier, nous sommes
encore une fois devant l’incompréhension. Cet homme que tout le monde a
admiré à juste titre pour ses œuvres en faveur des personnes handicapées,
avait une face cachée que nul ne soupçonnait. Et nous sommes devant cette
interrogation : comment cet homme a t-il pu se laisser berner de la sorte ?
Comment lui, ce grand homme, a t-il pu entrer dans cette sorte de mystique
perverse qui l’a conduit à des gestes inqualifiables ? Au moment de ces
révélations, j’ai tout de suite pensé à ces tentations du Christ. Le mal
personnifié en Satan rôde. Il ne faut pas que nous pensions qu’il n’existe pas. Le
Mal cherche toujours à nous faire tomber d’une façon ou d’une autre. Et nous
ne le savons que trop. On nous a répété souvent la phrase du P. Hamel au
moment où il allait être assassiné: « Arrière, Satan ! »
Oh, il ne s’agit pas de voir le Mal et Satan partout, mais nier son existence n’est
pas bon non plus. Le mal existe et sera toujours dans notre cœur pour nous
titiller. Il prendra divers aspects. Il sera l’appât du gain qui nous amène à ne
penser qu’à posséder de plus en plus, quitte à léser les plus pauvres. Il sera le
désir de dominer les autres, quitte à leur enlever leur liberté de penser et
d’agir. Il sera le désir de paraître quitte à laisser libre cours à toutes les
compromissions. Et dans l’Eglise, ce fameux cléricalisme qui n’est pas l’apanage
des seuls clercs. On veut le pouvoir et, sans lui, nous ne sommes plus rien.
Dominer, toujours dominer, c’est la tentation contre laquelle nous devons
lutter toute notre vie. La tentation est insidieuse.

« Ne nous laisse pas entrer en tentation », disons-nous dans le Notre Père. Cela
signifie que nous devons être attentifs, que nous devons faire attention car la
tentation est insidieuse. Elle se présente là où nous ne l’attendons pas. Mais le
Christ est toujours présent si nous savons le lui demander. Lui seul peut nous
aider à sortir de là. L’Eglise nous donne aussi des moyens. C’est un vrai
accompagnement, oh pas par un gourou, mais par quelqu’un qui a un vrai bon
sens et qui a chevillée au corps la volonté d’aider au nom de Jésus-Christ. Ce
sont les sacrements qui nous rappellent que nous avons été baptisés en Christ.
L’Esprit-Saint est venu en nous et nous anime au plus profond de notre être.
L’eucharistie est le lieu du ressourcement dans la Parole de Dieu et le partage
du Corps et du Sang du Christ. Le sacrement de réconciliation est une nouvelle
plongée dans notre baptême. Dieu, Père, continue à nous ouvrir les bras. Il
vient à notre rencontre comme le Père qui scrute le retour du prodigue.
Ce temps de Carême qui s’est ouvert mercredi est ce temps favorable pour
transformer nos cœurs et nos vies et les rendre plus limpides, plus proches de
Celui qui nous donnera tout à Pâques dans sa mort et sa résurrection. La
tentation est le lot de l’homme, de la femme que je suis. Mais la force de Dieu
m’habite et elle habite son Eglise. Qu’elle me donne la force de réagir et de
donner mon oui sans faille au Seigneur Jésus. Qu’elle donne à son Eglise la
force de réagir devant tous les assauts du mal en son sein et autour d’elle.
Amen !

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