samedi 21 mars 2020

Homélie de Monseigneur Blaquart pour le 4e dimanche de Carême (Année A - 22 mars 2020)

Pâques est dans 3 semaines. Comment le fêterons-nous, nous ne savons pas encore. Mais, la Carême nous prépare à renouveler la profession de foi de notre baptême, à regarder aujourd’hui Jésus qui nous révèle qu’Il est le Fils de Dieu.

Notre baptême nous a donné la vie de Dieu, comme une 2e naissance.

Notre première naissance, c’est notre venue corporelle dans ce monde, par l’intermédiaire de nos parents. Notre corps avec ses fragilités, qui retournera un jour à la poussière, auquel Dieu avait donné un souffle de vie.
Dans l’Évangile, en guérissant l’aveugle de naissance, Jésus révèle qu’Il est vraiment Dieu créateur parmi nous. Il prend de la poussière, et avec sa salive, il en fait une boue qu’Il applique sur les yeux morts de l’aveugle. Il ne reste plus que la vie donnée pour que ses yeux voient. L ‘aveugle sera guéri en se lavant à la piscine de Siloë, de l’envoyé. Celui qui nous lave de notre péché, de tous nos aveuglements, dans les eaux du baptême, c’est Jésus, l’envoyé de Dieu.

Voyez la richesse des symboles : Jésus opère pendant la fête des Tentes, une très grande fête juive. Chaque année, le peuple d’Israël faisait mémoire de sa marche dans le désert, quand il couchait sous la tente et que Dieu lui donnait de l’eau à boire quand il avait soif.
Pendant cette fête, à Jérusalem, on amenait de l’eau en procession depuis la piscine de Siloë jusqu’au Temple, pour demander à Dieu la pluie, la vie qui féconde la terre.

Jésus est le « Siloë » de Dieu, l’envoyé de Dieu, qui donne la vie de Dieu aux baptisés, qui redonne vie aux aveuglés que nous sommes. Habituellement, il y a un scrutin, une prière spéciale pour les catéchumènes, ce 4ème dimanche de Carême, pour qu’ils soient délivrés de leurs péchés, de tout ce qui les empêche de voir la pleine lumière de Dieu.

D’autre part, voyez le contexte dramatique de la guérison de l’aveugle.
Jésus vient d’avoir une discussion très vive avec les pharisiens, en leur révélant sa divinité : « Avant qu’Abraham soit né, Je suis ». Et ils veulent alors le tuer. Jésus s’enfuit alors et en sortant, voit l’aveugle. En guérissant l’aveugle, Jésus prouve qu’Il est bien ce qu’Il dit. L’aveugle lui-même ne s’y trompe pas : « Si cet homme là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ».

Cet évangile nous interpelle : sur notre foi en Jésus l’envoyé de Dieu, et sur notre capacité à accueillir la nouveauté de Dieu et à en témoigner. Il illustre parfaitement le pourquoi de notre synode diocésain.

Interrogeons-nous :
Sommes-nous comme les voisins de l’aveugle qui s’interrogent sur ce qui se passe (un aveugle qui voit) et se demandent « où est Jésus ? » mais sans aller plus loin, sans chercher à mieux le connaître ?
Sommes-nous comme les parents de l’aveugle qui croient mais qui ont peur de témoigner de leur foi ?
Sommes-nous comme les pharisiens qui s’enferment sur eux-mêmes, sur leur savoir, et qui refusent d’accueillir ce que Dieu est en train de faire de neuf à côté d’eux ?
Ou bien sommes-nous, comme l’aveugle guéri, passant des ténèbres de nos peurs, de nos fermetures, de nos replis sur nous-mêmes, jusqu’à la pleine lumière de la foi et jusqu’au témoignage ?

Sa guérison physique n’est que le signe de sa guérison spirituelle apportée par Jésus. « Les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ». (cf 1Sa. Onction de David, 1ère lecture)

Pas à pas, l’aveugle guéri découvre qui est Jésus (comme une véritable préparation au baptême).
D’abord, il déclare : « L’homme qu’on appelle Jésus ». « Je ne sais pas où il est ».
puis : « C’est un prophète »
puis : « Cet homme vient de Dieu ». Il est son « envoyé ».
puis devant Jésus qui lui demande : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » (Personnage mystérieux du Livre de Daniel, Titre que Jésus aime s’attribuer), l’aveugle guéri répond : « Je crois Seigneur », et il se prosterne devant Jésus.

Il y a toute une progression de foi chez l’aveugle guéri. Il est un vrai catéchumène.

Être baptisé, c’est confesser Jésus « Seigneur », c’est à dire comme Dieu.

Jésus est Dieu. L’aveugle croit progressivement et s’engage jusqu’à être rejeté par les pharisiens. Et nous, croyons-nous assez pour nous risquer au nom de l’Évangile dans la vie du monde, pour tenir notre place de chrétiens dans notre société ? pour témoigner de notre foi, même si c’est difficile, jusque dans notre propre famille ?
Entendons le cantique de St Paul et des premiers chrétiens : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera. »

Le Carême nous invite à refaire ce passage de la mort à la vie, de nos enfermements sur nous-mêmes à l’ouverture à Jésus et à l’Évangile.
Le risque, c’est de croire que nous voyons, alors que nous sommes aveuglés.

Il faut passer de l’apparence d’être chrétiens, « au cœur du mystère de Dieu », cela s’appelle une conversion ! Et c’est à cette conversion que le Synode nous appelle. Heureux ceux qui, comme l’aveugle, l’ont compris !

+Jacques BLAQUART
Évêque d’Orléans pour le Loiret

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