Méditation pour le 5 ème dimanche de Carême 2020
« Enlevez la pierre ! »
J’ai lu et relu cet épisode de Saint Jean au chapitre 11. Cette séquence prend un accent très
particulier en cette période de pandémie due au Covid-19. Au moment où des gens meurent de cet
affreux virus partout dans le monde, lire ce texte où Jésus semble se jouer de la mort est un peu
surréaliste. Il se réjouit même de ne pas avoir été présent au moment de la mort de son ami Lazare.
Et pourtant nous savons bien quelle dureté extrême nous vivons lorsque nous ne pouvons pas
accompagner ceux que nous aimons dans ce passage de la mort. Tant de personnes en font une
amère expérience en ce moment et nous ne pouvons que les porter dans la prière et l’amitié. Jésus,
lui aussi, aimait son ami Lazare et il partage la souffrance de ses deux sœurs, Marthe et Marie. Jésus
n’est indifférent à aucune souffrance et certainement pas à celle de ses amis.
Mais Jésus sait que la mort n’a pas le dernier mot. Il fera l’expérience de donner sa vie pour donner
sens à ce moment qui nous attend tous, à ce passage vers la Vie. Bien sûr, nous n’avons qu’une vision
bien parcellaire de ce qu’est cette vie en Dieu qui nous est promise. Avec nos intelligences nous
avons du mal à penser à ce qu’est cette éternité à laquelle le Christ nous appelle et pour laquelle il a
accepté de mourir sur une croix. Dans la foi, comme Marie, j’entends aujourd’hui cette phrase :
« Moi, je suis la résurrection et la vie ! » C’est ma seule certitude parce que c’est Jésus lui-même qui
me la donne. Dans ma foi, je crie vers le Seigneur, celui qui m’a promis joie, espérance et vie pour
toujours.
« Enlevez la pierre », dit Jésus. Au matin de Pâques, les femmes trouveront la pierre roulée et le
tombeau ouvert. Christ est alors vainqueur de la mort. « Enlevez la pierre ! » Je reçois cette
injonction aujourd’hui au cœur de cette épidémie. Quelles sont ces pierres qu’il nous faut enlever ?
Il y a la pierre de l’indifférence qui nous empêche de voir la souffrance des autres. Aujourd’hui le
monde entier est à la même enseigne, agressé par ce virus, désorganisé comme nous ne l’avons pas
été depuis bien longtemps. Mais il faut bien constater tout de même que, si nous sommes tous
marqués par ce mal, certains sont encore plus affectés que d’autres. Dans nos sociétés ce sont les
plus faibles et les plus vulnérables. Nous souffrons d’un confinement. Mais où confiner des
personnes qui n’ont aucun lieu pour se réfugier ? Ce sont aussi celles et ceux qui sont dans nos
EPHADS. Et puis ce sont des nations et des continents qui n’ont pas les structures de santé que nous
avons chez nous. Ne les oublions pas.
Il y a la pierre de l’argent et il ne faut pas être grand clerc pour penser que quelques-uns feront tout
pour tirer profit de ce temps de désarroi. L’argent sera-t-il un moyen de sauver des vies, d’aider
celles et ceux dans la besoin ? Les Etats vont ouvrir les bourses, mais serons-nous solidaires pour
faire vivre la communauté humaine à laquelle nous appartenons tous.
Il y a la pierre du repliement et de la peur. Même confinés, nous sommes reliés au monde et
aujourd’hui, plus qu’hier, au monde entier. Porterons-nous le souci de ce monde dans lequel nous
sommes, de ces peuples qui n’ont guère de moyens pour vivre ? Notre prière et notre partage les
rejoindront-ils dans leurs préoccupations et dans les efforts qu’ils feront pour continuer à vivre ?
« Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus. Quelle chance de croire dans ce Dieu qui ne cesse de
nous parler de Vie, de Résurrection. Quelle force ne nous insuffle t’il pas au moment où il nous dit
comme à Lazare : « Viens dehors ! » Oui, il nous dit de sortir de nos peurs, de nos appréhensions. Il
nous mène vers la Pâques. Merci, Seigneur, de nous ouvrir à la vie.
Je porte tous ceux qui souffrent et qui ont de la peine dans ma prière. P. Louis msc
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