jeudi 24 septembre 2020

Homélie du père Louis Raymond du 26ème dimanche ordinaire


Il est toujours question de vigne aujourd’hui. C’est vrai, c’est le temps des vendanges et nous sommes en train de récolter ces fruits tellement précieux. Gageons que le soleil très généreux de cette année donnera un des meilleurs millésimes. Alors nous, en Eglise, nous parlons aussi de la vigne, celle du Seigneur. Si dimanche dernier, nous faisions la part belle aux ouvriers de la dernière heure, aujourd’hui nous parlons des fils du propriétaire. Tous deux sont conviés à y prendre part, à aller y travailler. Mais le Seigneur, qui connait bien l’âme humaine, voit deux réactions bien différentes : celui qui dit un oui qui ne l’engage pas et qui n’y va pas. Et l’autre qui commence par dire non, mais qui y va. Je crois que l’on peut bien reconnaître l’humanité que nous formons.
Nous avons tous été baptisés. Donc nous sommes tous invités et nous sommes tous envoyés. Mais ceux qui disent oui tout de suite et qui n’y vont pas sont légion. Et il arrive même à ceux qui sont bien décidés à s’engager, de dégager en touche quand le moment arrive d’avancer en eau profonde. Le chrétien que je suis est soumis à bien des tentations et celle du recul n’est pas la moindre. Il m’arrive souvent quand je dis le Notre Père et que je redis ces paroles : « Ne nous laisse pas entrer en tentation », que je pense à cette tentation qui est de baisser les bras et de prendre la tangente devant l’appel du Seigneur. Les tentations de la chair, de l’argent, bien sûr qu’elles existent, mais celle que je redoute le plus c’est de dire oui au Seigneur et de ne pas faire suivre ce oui d’effets, de concret. Autrement dit je parle, je fais des beaux sermons que je ne mets pas en pratique. Je ne sais pas si chacun d’entre nous ne peut pas s’interroger un peu sur sa manière de répondre au Seigneur.
Je l’ai dit : « Aujourd’hui il est question, non des ouvriers, mais des fils du propriétaire, du vigneron. » Or, depuis que l’eau du baptême a coulé sur notre front, nous sommes devenus des fils. Et cette qualité de fils nous donne des devoirs. Nous avons reçu un héritage, un héritage qui se distingue par un mot : l’Amour ! Oui, le Seigneur, au baptême, a mis dans notre cœur une graine qui ne demande qu’à germer et pousser. Cet Amour n’est pas vain. C’est celui qui a animé le cœur de Jésus-Christ donnant sa vie au Calvaire et ressuscitant au matin de Pâques. Oh, le Seigneur nous laisse libres de répondre oui et de ne pas y aller, de répondre non et puis de prendre part à la mission. Cette liberté c’est un don de Dieu. Il ne nous oblige pas ; il ne nous contraint pas. Mais il nous invite.
En communauté, nous sommes quatre vieux bonshommes et à nos âges nous ne fêtons pas nos premiers amours, mais nous fêtons des jubilés. Le 7 octobre prochain, Jean Claude et Philippe vont fêter 60 ans de vie religieuse msc. J’ai participé à cet évènement ce 7 octobre 1960 puisque je commençais alors mon noviciat. Je voudrais qu’ils expriment ce qu’ils ont au cœur aujourd’hui, après toutes ces années où ils n’ont cessé de dire oui et peut-être parfois dans l’hésitation et la crainte. Qu’est-ce qui les pousse encore à travailler dans la vigne du Seigneur ? Je suis sûr qu’il y a eu des avancées, des reculs, des « oui » enthousiastes  et des « oui » réticents. Mais cet Amour promis à 20 ans a continué à grandir dans leur cœur et les rend encore enthousiastes pour servir le Seigneur, même si c’est de façon ralentie. Ils sont aujourd’hui témoins que le Christ, à qui ils ont donné leur vie, ne déçoit pas. Lorsque je me retrouve avec eux dans notre petite chapelle, je me trouve bien parce que je sais que notre prière est toujours missionnaire, est toujours ouverte au monde qui nous entoure. Nous vous portons tous dans la prière avec celles et ceux qui se confient à nous.
Alors, aujourd’hui, nous qui sommes devenus fils de Dieu par notre baptême, nous nous engageons à travailler à la vigne du Seigneur. Tant de gens attendent qu’on leur révèle le Dieu d’amour qui nous fait vivre. Ils en ont besoin et nous sommes les seuls à pouvoir le leur révéler. Le ferons-nous ? Ecouterons-nous avec enthousiasme l’appel du Seigneur : « Il n’est jamais trop tard ; mets-toi en tenue de service. Le monde attend ton témoignage. Dis-leur que je les aime tous d’un amour singulier, gens d’ici, gens d’ailleurs, migrants pour qui nous prions en ce dimanche. » AMEN !

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