samedi 14 mars 2020

Homélie du 3ème dimanche de Carême le 15 mars 2020

Homélie du 3 ème dimanche de Carême 15 mars 2020

Jésus a soif et le puits de Jacob est là tout proche. Quoi de plus normal ! Une
Samaritaine vient puiser l’eau du puits. Quoi de plus normal ! Voilà un épisode
de la vie ordinaire et il aurait pu ne rien se passer d’extraordinaire. Oui, mais
voilà que Jésus est Juif et que la Samaritaine est une femme et qui plus est une
Samaritaine. Alors cette rencontre improbable devient un évènement et Jésus
va en profiter pour annoncer la nouveauté qu’il apporte à toute relation.
D’abord il ne refuse pas de parler à une étrangère, une Samaritaine alors que
les Juifs ne parlaient pas aux Samaritains. Jésus casse ces principes et va vers
les Samaritains comme il va vers ses frères et sœurs Juifs. Jésus ne fait pas de
ségrégation ; Il est venu pour sauver l’humanité toute entière. Et tant pis si ses
frères Juifs ne comprennent pas. Il se permet de demander de l’eau à cette
femme et il va en profiter pour faire une catéchèse. Il va la révéler à elle-même.
Il y avait chez elle des pans de vie pas très jolis, jolis. Il va simplement les dire :
« Tu as eu cinq maris ! » Pas de jugement, il constate seulement. Il est là pour
accueillir les pécheurs. Je viens de re-méditer un petit livre du Pape François
sur le pardon, livre qu’il avait écrit pendant l’année de la miséricorde. Ce livre
sur le pardon s’adresse en particulier aux confesseurs, aux prêtres « Hommes
du don et du pardon », dit le Pape. Il leur demande de la discrétion et une
miséricorde à toute épreuve. Ne pas poser de questions indiscrètes, mais avoir
un cœur ouvert. Nous faisons tant de rencontres de ce genre dans notre
ministère de confesseur. Moi, je continue à être émerveillé de ce qui se passe
dans ces moments d’intimité, au nom du Seigneur. Profitons-nous assez de ce
sacrement ? Il est là pour nous faire vivre de l’amour du Christ.
« Donne-moi à boire ! » Là encore quoi de plus normal que d’avoir soif dans ce
pays aride et sec. Comme tout homme Jésus a soif. Et cette femme est là. Elle a
ce qu’il faut pour puiser. Jésus lui demande ce geste du partage : lui donner à
boire. L’eau c’est la vie et on le sait bien, si nous ne buvons pas assez, bien des
fonctions physiques ne fonctionnent plus. On le sait bien aussi, dans notre
chemin de foi l’eau est indispensable, depuis notre plongée dans l’eau du
baptême jusqu’au signe de l’aspersion, demande de pardon au Dieu de la Vie.
Signe de vie, l’eau, nous le savons aussi, est aussi signe de mort. Les grosses
inondations nous ont fait toucher du doigt cette réalité-là. Et nous savons tous
que la répartition de l’eau sera un des grands problèmes de notre avenir sur
cette terre.

Avec Jésus, n’avons-nous pas soif nous aussi? Soif de reconnaissance, soif
d’amour, d’amitié, de rencontre ? Oui, nos soifs sont multiples. Jésus sent bien
cela chez la Samaritaine. Il étend cette notion de soif à toute la personnalité de
cette femme rencontrée en chemin. Il va l’aider à se révéler à elle-même. C’est
toujours ainsi avec jésus. Il permet à chacun d’aller au plus profond de sa vie, là
où se situe son être le plus vrai, le plus vulnérable aussi. Il laisse de côté
l’apparence pour entrer au cœur de la vie, au cœur de la personne. Et, dans le
récit de cette rencontre on voit bien qu’il n’est plus question seulement de
l’eau, mais de la personne elle-même. Jésus vient travailler notre cœur, notre
vie intime à condition d’être ouvert et perméable à sa grâce car, jamais il ne
force la porte de notre conscience.
Alors ai-je soif ? Et de quoi ai-je soif ? Qu’est-ce qui va remplir ma vie ? Peut-
être suis-je tenter par bien des choses matérielles. Mais je sais aussi que cela
ne va pas me combler. Je voudrais être aimé follement, mais je sais que cet
amour fou est tout de même fragile. Je voudrais une santé éblouissante, mais
je sais qu’un petit rien peut me mettre à terre. Regardez ce satané virus.
Invisible, il met à mal toute la terre et ses habitants. Plus rien ne marche. Nos
rapports humains sont bouleversés.
Seigneur Jésus, j’ai soif de toi, de ton amour, de ton espérance. Sans toi, je ne
puis rien faire. Comme la Samaritaine, j’attends de toi que tu me révèles à moi-
même, que tu me relèves et que tu m’envoies comme disciple missionnaire. Je
te rends grâce pour tes incursions dans ma vie. Elles me font bouger, avancer,
aller vers toi et vers les autres. Sur la margelle du puits de ma vie, tu m’attends
et tu me bouscules. Merci, Seigneur Jésus !

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