mardi 4 mai 2021

Homélie du 5 ème dimanche de Pâques 2 mai 2021 par le p. Louis Raymond

 Homélie du 5 ème dimanche de Pâques 2 mai 2021

J’ai vu les images à la Télévision de ces viticulteurs qui constataient les dégâts du gel sur les jeunes

pousses de vigne : la récolte est bien compromise. Et je me suis posé la question après la lecture de

l’Evangile, quels sont les dégâts qui sont visibles sur le sarment que je suis ? Et d’abord est-ce que je

suis vraiment greffé sur la vigne qu’est Jésus ? Est-ce que mon attachement est tel, que la sève, la

grâce de Jésus peut inonder ma vie, peut inonder mon cœur ? N’y a-t-il pas des coups de gel, des

mildious, des phylloxéras et tant d’autres maladies qui attaquent ce lien que je devrais avoir avec

Jésus ? En un mot, suis-je vraiment greffé sur lui et ce lien inséparable n’est-il pas entaché par des

scories, des égoïsmes ?

Peut-être avez-vous su que, nous les msc, nous avons fêté le 23 avril trois des nôtres et sept laïcs

déclarés bienheureux par le Pape François. Nos trois frères ont choisi de rester au milieu de leur

peuple menacé par la violence de l’Etat du Guatemala. Mais les laïcs qui ont été martyrisés avec eux

en cette période troublée, en 1980-81, ont témoigné de leur foi au même titre qu’eux, ont témoigné

qu’ils étaient greffés sur le Christ au même titre qu’eux. Et je veux citer le plus jeune de ces martyrs,

le jeune Juanito, 12 ans. Il était déjà catéchiste, membre de l’Action Catholique et secondait les Pères

dans leur visite des villages. Il a été torturé jusqu’à la mort, mais il n’a pas renié. Dans le ruisseau où

ses bourreaux l’ont abandonné, ils n’ont rien trouvé, sauf dans sa poche le chapelet. Car il faut savoir

que posséder un chapelet, une croix, une bible suffisait pour que l’on soit considéré comme

révolutionnaire et donc dangereux et donc bon à être éliminé. Oui, c’est bien à cause du Christ, et de

sa Parole que Juanito et les autres ont été tué et ont donné leur vie.

Etre greffé au cep est essentiel pour vivre. Ne pas l’être entraine la mort. Alors nous qui professons

notre foi, nous qui allons redire tout à l’heure : Je crois en Dieu, sommes-nous vraiment greffé sur le

Christ qui nous révèle l’amour du Père ? Le Pape François nous dit que nous sommes tous des

disciples missionnaires. Etre disciple, c’est bien être greffé sur le Christ. C’est ce que nous rappelle

notre Evêque depuis son arrivée dans le diocèse. Ce lien au Christ reste le plus important pour que

nous soyons vraiment des disciples. La prière, la fréquentation des Ecritures, des sacrements, les

œuvres de miséricorde que nous a rappelées le Pape François, notre présence au monde, notre

participation à la vie de l’Eglise, voilà ce qui peut vraiment nous unir au Christ, nous greffer sur le

Christ. Etre disciple c’est continuer de vivre en communion avec le Maître, comme le Maître. Et celui-

ci nous a montré un chemin sans doute ardu, mais c’est le chemin du salut. Donner sa vie par amour

c’est ce qu’il a fait et c’est le chemin qu’il nous propose en nous demandant de l’imiter.

A ce stade de cette homélie, je me suis senti un peu bloqué et puis voilà qu’est arrivée la revue

« Panorama » et cette revue a un article sur Madeleine Delbrel. J’ai lu l’article et, comme d’habitude,

cette lecture m’a remis en selle. J’aime son témoignage. Elle a vécu en région hostile et toute sa vie

de foi est une vie toute simple où elle a découvert qu’être au Christ, c’était aussi être aux personnes

qui l’entouraient. Reconnaître en l’autre toutes les potentialités que Dieu y a mises est un des

moyens de retrouver le Seigneur bien présent dans la vie de l’homme. Son incarnation dans chaque

être humain est une garantie de sa précieuse présence. Vivre cette proximité de Jésus-Christ nous

engage au service de l’homme, l’homme le plus pauvre, le plus délaissé, le plus démuni. Nous laisser

dépouiller par le Christ nous amène à partager son amour, à entrer dans ce cœur à cœur avec

l’amour reçu et donné.

Soyons donc de vrais disciples et nous ne pourrons pas garder cela pour nous tout seuls. Comme les

martyrs, comme Madeleine Delbrel et tous les disciples de Jésus-Christ, nous deviendrons un peu

plus « cœurs de Dieu » au cœur du monde, inondés de la grâce du Seigneur, serviteurs d’un Dieu qui

aime jusqu’à donner sa vie pour ses amis, les hommes. AMEN !

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