mercredi 26 octobre 2016

Homélie du Père Louis Raymond (année C - 30è dimanche - 23 octobre 2016)


La prière du pauvre qui est exaltée par Ben Sira le Sage nous interroge. Le pauvre c’est celui qui se met à nu devant Dieu afin d’être rempli de cet amour. Il ne se contemple pas d’abord lui, mais bien le Seigneur à qui il s’adresse. Et avec persévérance il continue sa prière humblement sans demander d’être exaucé sur le champ.
Le Publicain de l’Evangile, lui aussi, sait qu’il est pauvre. Il se met en retrait, à distance, dit l’Evangile, et « il n’osait même pas lever les yeux vers le ciel » ! Attitude de l’homme qui a conscience de sa faiblesse, de sa petitesse, de sa pauvreté. Attitude de l’homme qui attend tout de l’amour miséricordieux du Père. « Je ne suis pas digne de te recevoir », disons-nous avant d’aller communier. C’est bien l’attitude du Publicain qui ne se croit pas digne de s’approcher du Seigneur. Faisons-nous attention à ces paroles que nous disons parfois un peu distraitement.
Le Pharisien n’est pas un mauvais homme. Vous vous rendez compte, il jeûne deux fois par semaine ; il verse le dixième de tout ce qu’il gagne. Qui dit mieux ? Il pratique la Loi avec beaucoup de sérieux et remplit totalement tous les préceptes que cette Loi lui impose. Le problème -       et c’est ce que Jésus lui reproche - c’est que tout cela lui sert à se  montrer, à juger les autres : « Mon Dieu je te rends grâce de n’être pas comme les autres hommes qui sont injustes, voleurs, adultères… » Tous ces êtres qui peuplent la terre n’ont aucune des qualités que lui, Pharisien, il possède. C’est la vertu même à ses propres yeux. Mais bizarre ! Le Christ ne semble pas le féliciter pour sa vertu. Il dit même qu’il ne sera pas justifié. C’est vrai, pourquoi serait-il justifié par sa prière ? Il se justifie bien tout seul. Il n’a même fait que cela. Il n’a pas besoin de l’amour rédempteur que propose le Seigneur Jésus. Il est déjà juste plus que tout autre.
Sans doute ne faut-il pas essayer de nous comparer à l’un ou à l’autre. Peut-être même sommes-nous parfois l’un et l’autre. La Croix de mardi  a titré : « Ces catholiques que le Pape François dérange ! » En lisant cet article je me disais : « Lorsque l’on a une parole évangélique libre, on dérange forcément ! » Qu’est ce qui est reproché à François dans cet article ? C’est d’abord sa proximité avec les pauvres, les réfugiés, les rejetés. Cà ne fait pas plaisir de voir le Pape aller à Lampedusa et nous dire que l’accueil des étrangers c’est l’Evangile qui nous le demande. Et puis il nous dit d’accueillir les personnes en situation pas très régulière, celles que l’on avait classées une fois pour toutes. Sa parole libre sur tous les sujets qui touchent l’homme dérange forcément. Finalement ce que l’on ne peut admettre c’est l’Evangile de la miséricorde. C’est vers lui que le Pape, après le Christ, nous entraine. Etre miséricordieux c’est être juste, c’est être bon de cet amour divin et humain à la fois.
Alors aujourd’hui, par-delà les personnages de la parabole, il nous faut regarder plus haut, plus en profondeur celui que nous prions, celui que nous vénérons. C’est vers le Christ qui seul peut nous justifier que nous pouvons tourner nos regards, mais surtout nos cœurs d’hommes et de femmes épris de justice et d’amour, mais pécheurs souvent incapables d’aller au bout de nos idées généreuses. Regardons vers celui que la lance a transpercé. Baignons dans cette eau pure qu’il nous a donnée, pour que nous soyons lavés de notre orgueil, de notre mépris des autres, pour que nous soyons capables d’accueil, de don et de pardon.
Oui, Seigneur, je me tiens devant toi, car je suis pécheur. Ton pardon me relève et m’envoie vers mes frères les hommes et les femmes de ce temps avec humilité et en état de service. Merci, Seigneur, de ta miséricorde qui fait de moi un pécheur pardonné.

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