Homélie du 8 octobre à Ingré.
« Dis merci » ! Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce rappel à l’ordre !
Combien de fois ne l’avons-nous pas demandé nous-mêmes. Dire merci est-ce
simplement un signe de politesse, de bons rapports entre les gens ? Ou bien
peut-il être signe d’autre chose ?
Dire merci à quelqu’un c’est d’une certaine manière le faire exister puisque
nous reconnaissons que nous sommes en quelque sorte redevable de ce qu’il
est pour nous. Nous recevons des mercis alors que parfois nous ne sommes
même pas conscients que nous méritons un merci. Nous avons fait les choses
tout naturellement et ce merci que l’on reçoit a de quoi parfois nous étonner.
Et pourtant c’est vrai que cette reconnaissance que nous recevons nous fait
grandir, nous fait prendre conscience de ce que nous sommes pour l’autre.
Oui, il y a des mercis qui nous font du bien, qui nous permettent de sortir la
tête de l’eau.
Beaucoup de personnes nous font du bien et à longueur de journée. Savons-
nous le reconnaître et les remercier comme il se doit ? Beaucoup de personnes
aussi nous sollicitent et elles aussi, savons-nous les remercier parce qu’elles
nous aident à être plus généreux, à nous donner davantage ? Les personnes
qui ont besoin de nous nous font grandir, nous permettent de montrer que
nous sommes des êtres en relation et que c’est ensemble que nous pouvons
avancer. Sachons remercier le Seigneur pour cette humanité que nous formons
dans sa diversité.
Le Seigneur s’étonne dans la page d’Evangile qu’un seul lépreux sur les dix
guéris soit revenu lui dire merci pour cette guérison. Et cet homme de plus est
un étranger, un samaritain qui n’était pas spécialement estimé des Juifs. Et oui,
le merci ne vient pas forcément de celui dont on l’attendait. Il faut un cœur de
pauvre pour pouvoir dire merci du fond du cœur. Celui qui est rempli de lui-
même sait peu dire merci parce qu’il croit que c’est un dû. Les Juifs avaient
l’habitude de recevoir des dons du Seigneur. Ce Samaritain était méprisé et de
ce fait il était encore plus reconnaissant pour la grâce reçue. « L’enfant gâté »
ne sait pas dire merci. Tout lui est dû. Et parfois nous sommes des enfants
gâtés. Lorsque je vois personnellement la manière dont on agit aujourd’hui
dans notre monde par rapport au réfugiés et étrangers, je me dis que nous
sommes vraiment des enfants gâtés qui ne veulent pas partager. Oh, je ne nie
pas que c’est difficile. Mais enfin élever des murs, des barrières comme pour
parquer des animaux, est-ce digne de notre humanité ? Ne pas vouloir
partager notre bien-être, vouloir se protéger de tout, est-ce digne de notre vie
d’homme ? Et notre vie de chrétiens est interrogée au plus profond d’elle-
même. Le commandement du Christ « Aimez-vous les uns les autres » où est-il
passé ?
Allez, l’année de la miséricorde n’est pas terminée et l’appel à la miséricorde
demeurera bien au-delà de cette année. Il n’y a pas de miséricorde sans merci,
sans reconnaissance que nous avons tout reçu sans aucun mérite de notre
part, sans reconnaître que notre Dieu est « un Dieu de tendresse et de pitié,
lent à la colère et plein d’amour », comme nous le dit le Psaume. C’est Dieu qui
a tout fait pour moi. C’est lui qui est monté sur une croix pour me sauver. C’est
Lui qui est jailli du tombeau pour me faire vivre. C’est lui qui se donne chaque
fois que je viens à la source de la vie, à l’eucharistie. C’est lui qui me donne des
frères et des sœurs à aimer. Je n’aurai pas assez de ma vie entière pour lui dire
merci.
Ce matin j’étais avec les religieux du diocèse à St Benoît. Beaucoup, comme
moi, sont vieux. Mais ces vies données au Seigneur sont le plus beau merci qui
lui soit donné. Oui, notre plus beau merci au Seigneur c’est lui donner notre
vie. AMEN !
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