jeudi 10 novembre 2016

Homélie du père Louis Raymond à Chaingy (Fête de la Toussaint- Année C - 1er novembre 2016)




Dans le monde troublé où nous vivons, entendre le Christ dire « Heureux êtes-vous ! » peut faire du bien… Notre monde occidental et la France en particulier se morfond et broie du noir pour tout et pour rien… C’est un peu comme lorsque l’on dit en regardant certaines personnes ou certaines familles : « Ils ont tout pour être heureux ! » Ils ont la santé, l’argent, des enfants qui apprennent bien, une belle situation, quoi… Et oui, mais il leur manque quelque chose puisqu’ils broient du noir et tombent en déprime. Bien sûr, je n’ignore pas tous les malheurs personnels, ces malheurs qui nous tombent dessus sans crier gare.  Mais que nous manque-t’il pour être heureux ? Le Christ aujourd’hui nous donne une clef importante, la clef du bonheur tel qu’il le conçoit. Il met le bonheur dans la pauvreté du cœur. Les richesses accumulées n’apportent pas à elles seules le bonheur. Le Christ met le bonheur dans la douceur. La dureté du cœur et la rancoeur n’apportent pas le bonheur. Il met le bonheur dans la miséricorde. Le chacun pour soi n’apporte pas le bonheur. Il met le bonheur dans la recherche de la justice. Tromper et exploiter l’autre n’apportent pas le bonheur.

Voilà le Christ qui vient bouleverser les données tellement simples et peut-être simplistes que nous avons dans nos visions humaines. Le Christ ne nous dit pas qu’un certain bien-être est inutile et mauvais. Il ne nous dit pas que nous n’avons pas droit à un certain confort. Ce qu’il nous dit c’est que nous ne sommes pas faits seulement pour cela. Nous sommes promis à beaucoup plus que nous ne le pensons. Notre bonheur est dans le Cœur de Dieu. C’est cet amour débordant de ce cœur qui est là pour nous faire vivre et grandir. C’est lui qui nous donne ce supplément d’âme qui nous fait dire : « Heureux les pauvres en esprit ; heureux les doux, heureux les miséricordieux ! Ce n’est pas l’homme seul qui pourra dire cela et le vivre. Ce bonheur vient d’ailleurs et aujourd’hui nous sommes là pour en témoigner.

Vous le savez la Toussaint n’est pas la fête des morts, mais des vivants en Christ. Cela ne nous empêche pas, évidemment, de penser aux membres de nos familles qui nous précèdent auprès de Dieu. Mais dans notre foi, ce ne sont pas des morts pour toujours dont nous nous souvenons. Ce sont des vivants en Christ, dans ce bonheur que le Christ veut nous faire découvrir aujourd’hui. Ils ont peiné sur terre, ils ont aimé, ils ont vécu des hauts et des bas dans leurs relations humaines, dans leurs relations à Dieu, mais ils jouissent aujourd’hui de ce bonheur d’être auprès de celui qui est tout amour. Ceux dont nous nous souvenons aujourd’hui n’ont sans doute jamais été aussi vivants que maintenant qu’ils ont rejoint celui qui est le Bienheureux par excellence, Dieu lui-même. Nous prions ces saints anonymes qui n’ont pas attendu d’être sur les autels comme on dit pour veiller sur nous, pour nous entrainer dans leur sillage jusqu’à celui qui est notre modèle et notre lumière.

Ceux qui nous ont précédés nous tirent en avant, nous emmènent dans ce grand élan qui les a fait vivre. Ce que nous avons vécu de beau, de grand avec eux, demeure notre meilleure part. Nous avançons avec eux vers ce JC qui a donné sa vie pour nous en vivant pleinement les béatitudes, en étant pauvres de cœur, doux, miséricordieux, artisan de la justice et de la paix. Notre meilleure manière de les honorer, de les rejoindre n’est-elle pas d’imiter ce qu’ils ont fait de bien, ce qu’ils ont fait pour que l’homme vive mieux sur cette terre. Si nous voulons être fidèles à ceux qui nous ont précédés, il faut nous mettre au service des hommes, nos frères et plus spécialement les plus pauvres et les plus petits, les rejetés de la terre. Et Dieu sait s’ils sont nombreux celles et ceux qui ont besoin de notre estime, de notre aide, de notre soutien et de notre prière. Quel jugement portons-nous sur les exilés, les migrants, les pauvres de la terre ? Ne nous leurrons pas, le Christ nous jugera sur ce que nous avons fait aux plus petits d’entre les hommes. Il s’est même configuré à eux : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », nous répète t-il aujourd’hui.

Allez que cette célébration de la Toussaint nous entraine sur le chemin de la sainteté, car nous sommes tous appelés à cette sainteté. Et cette fête d’aujourd’hui est déjà notre fête à nous. Nous sommes en chemin. Que le Seigneur et tous les saints nous entrainent dans leur sillage pour reproduire au cœur du monde l’image même du Christ.

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