Monastère de Blaru (Yvelines). En nous voyant passer,
le
chien
de
garde
aboie
violemment. Une
religieuse sort, deux mots suffisent pour qu’il se taise et se couche. Quelle autorité
! Est-ce la même autorité que montre Jésus ? Qu’il enseigne dans la synagogue
de Capharnaüm, on imagine les gens scotchés : quelle autorité !
Où sont les différences
? Ouvrons la Bible. Dès la première page, la Parole de Dieu se révèle efficace.
Dieu dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut ! Elle est d’autorité car
elle fait ce qu’elle dit. Quand Dieu appelle quelque chose ou quelqu’un à
l’existence, cela prend vie, et cela est bon, très bon.
Quand Jésus enseigne, que
se passe-t-il ?
Il parle en son propre
nom, comme Dieu, sans répéter comme les scribes ; il a autorité sur les esprits
mauvais, pour en libérer l’homme, ce qui
n’appartient qu’à Dieu ; sa parole est efficace immédiatement, visiblement ;
c’est une parole créatrice, comme Dieu. Il est la Parole même de Dieu, le Verbe
fait chair, qui se donne à voir. Avec lui, le royaume de Dieu est à l’œuvre, il
est lui-même la Bonne Nouvelle ; il relie toujours parole et action ; il vit ce qu’il enseigne. Il est LE prophète annoncé à
la suite de Moïse.
Par contraste, l’esprit
mauvais, qui sait qui est Jésus (le Saint de Dieu) mais cela ne suffit pas, veut avoir l’autorité
sur
Jésus
en
le
nommant,
et il possède l’homme en le tenant enchaîné.
Placé au début de
l’évangile de Marc, cet exorcisme annonce tout l’évangile. Jésus est venu
libérer l’humanité des démons qui la hantent, moins en possessions diaboliques
qu’en entreprises diaboliques qui font tant souffrir
les
hommes
: violences, guerres,
injustices,
idolâtries du pouvoir et de l’argent, dépendances et addictions.
Je vous propose trois
conséquences pour nous.
1. Soyez attachés au Seigneur sans partage, dit Saint Paul. En effet, sa Parole est une sécurité, une ancre
au milieu des tempêtes. Il nous faut donc consentir à son autorité sur nous. Au lieu de dire : je n’y comprends
rien, ce n’est pas dit pour moi, j’ai plutôt à me demander : qu’est-ce que cela
veut dire? Car la Parole de Dieu est pour mon bien, elle me conduit à devenir
libre, libéré du mal qui m’habite ou qui m’entoure.
2. Le baptême a fait de
nous des prophètes, porte-parole de Dieu, pas forcément des enseignants, mais
par petites touches à la maison, dans une rencontre. Ce qui suppose que cette parole nous habite,
parce que nous la fréquentons, de l’intérieur – que nous cherchions comme Jésus
à vivre une cohérence entre ce que nous disons et ce que nous faisons – et que les
paroles que nous disons soient toujours pour libérer, soulager, encourager,
pour le bien des personnes.
3. Toute autorité n’a
qu’un but : faire grandir. Notre prédicateur disait : Je n’ai jamais tant obéi
que lorsque j’ai eu autorité sur un diocèse. Parce que je devais être attentif aux besoins des personnes qui m’étaient confiées.
La maman sent bien les besoins de son enfant et doit obéir à son devoir de les
repérer ; le malade obéit à son corps qui s’impose à lui. Le Christ enseigne,
guérit et répond en obéissant aux besoins des personnes sur sa route. Sa joie est
ainsi d’obéir à son Père de qui il tient son autorité.
Voilà où nous entraîne
d’accueillir la parole d’autorité du Christ sur nous : lui obéir avec intelligence
et avec amour. Nous saurons faire preuve d’autorité juste en obéissant toujours
avec intelligence et avec amour aux besoins de nos frères, particulièrement des
plus fragiles. Que l’Esprit Saint nous
guide sur ce chemin qu’a pris Marie avant nous : « Voici la servante
du seigneur, que tout se fasse pour moi selon ta Parole ».
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