vendredi 26 juin 2020

HOMÉLIE DU PÈRE LOUIS RAYMOND POUR LE 13ÈME DIMANCHE ORDINAIRE

Homélie du 28 juin 2020 13 ème dimanche ordinaire

Avons-nous déjà éprouvé une telle soif qu’un simple verre d’eau ait pu l’étancher ? Il est vrai que,
dans les pays très chauds, l’accueil se fait souvent ainsi ! C’est un grand bienfait de recevoir un peu
d’eau et nous prenons peu à peu conscience que l’eau est essentielle à la vie. Oui, l’eau est précieuse
et l’offrir à celui qui en manque devient un véritable bienfait. Mais il me semble que la manière de
l’offrir est tout aussi précieuse que le liquide que nous offrons. L’accueil est vraiment le signe du
disciple du Christ, lui qui n’a cessé d’accueillir tous les pauvres de la terre, les malades, les pécheurs,
les rejetés.
Non, le Christ ne nous dit pas de ne pas honorer père et mère. Bien au contraire ! C’est un devoir
filial qui ne cesse de nous être rappelé tout au long de la bible. Et ce temps de confinement que nous
venons de vivre nous a fait souffrir de l’absence de ceux que nous aimons : parents, grands-parents.
Mais le Seigneur veut que notre amour soit un amour totalement donné, partagé. C’est dans le Christ
lui-même que notre propre amour est révélé. Lui, il est allé jusqu’au bout de la vie, jusqu’au don total
et ses disciples participent de cet amour. La Croix où le Christ meurt pour nous est signe du don le
plus total qui soit. Alors, si nous ne sommes pas tous appelés à donner notre vie dans le martyre,
nous sommes tout de même appelés à témoigner d’un amour sans limite. St Paul, dans sa Lettre aux
Romains, nous rappelle que, baptisés, nous sommes unis au Christ mort et ressuscité. C’est là qu’est
la racine de notre foi. Et puisque nous croyons en Christ, notre amour doit se calquer sur celui du
Christ lui-même.
Quel que soit notre état de vie, nous sommes appelés à aimer. Il est évident que le Seigneur ne nous
demande pas exactement les mêmes choses, à vous qui êtes mariés, qui êtes parents qu’à moi qui
suis célibataire, consacré au Seigneur de façon particulière par la consécration religieuse et la
consécration comme prêtre. Mais vous comme moi, nous sommes invités à aimer comme Dieu aime,
comme Jésus nous en a donné le témoignage. Il se laissait toucher par toutes sortes de personnes. Il
les aimait toutes. A chacune il voulait témoigner de l’amour du Père. Evidemment il semblait un peu
plus sévère quand il s’agissait de ceux qui semblaient manipuler la Loi de Dieu. Les pauvres et les
petits, il les accueillait très simplement et leur donnait ce qui était en son pouvoir. Il leur redonnait
leur dignité souvent volée par ceux qui se croyaient supérieurs.
Accueillir l’autre, c’est accueillir le Seigneur lui-même. Il s’est identifié aux plus petits de la terre. « Ce
que vous faîtes au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faîtes. » Pour nous, Chrétiens
en ce monde, sachons reconnaître dans ces petits le Seigneur qui vient. Sachons accueillir ceux de
nos frères et sœurs qui frappent à la porte de nos cœurs. Ouvrir sa porte, c’est se laisser déranger,
c’est se laisser interpeler par l’autre tel qu’il est. Accueillir n’est pas facile car le propre de l’accueil
est la nouveauté et la nouveauté fait souvent peur. Et parfois la bonne volonté ne suffit pas. Il faut
beaucoup d’écoute, de bienveillance. Il faut accepter de ne savoir ni le jour, ni l’heure. Et cela
contrarie forcément nos vies bien réglées.
Dans le journal La Croix de mercredi, il y a un article qui m’interroge. Il parle de l’accueil dans les
monastères. Et les exemples donnés sont éclairants. On nomme de sortis de prison après de lourdes
peines, des prêtres reconnus pédophiles qui viennent ainsi partager la vie des communautés
monastiques. Il est certain que cet accueil-là ne doit être simple pour personne, mais il fait partie de
cet accueil voulu dès de début de la vie monastique. C’est un accueil certainement exigeant,
certainement prenant ; mais il est aussi essentiel pour celui qui doit se remettre debout.
Sommes-nous accueillants ? Savons-nous recevoir l’autre comme nous essayons d’accueillir le Christ
lui-même ? En communiant tout à l’heure, souvenons-nous : le pauvre c’est le Christ lui-même !

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