Pour comprendre cet
évangile qui s’adresse à nous, je vous propose trois rencontres que j’ai faites récemment.
- Un garçon, 12 ans, smartphone à la main : Dis
papy, quand tu étais jeune, comment vous faisiez pour avoir des nouvelles ? On
écrivait des lettres, on avait la réponse 3 jours ou 8 jours plus tard.- Jamais
j’aurais pu attendre. - Oui, il te faut
tout, tout de suite !
- Un autre, 22 ans, un
père souvent absent de sa vie : en dehors des petits boulots, il passe son temps
chez sa mère aux jeux électroniques. Hélas il paiera plus tard le temps perdu à
ne rien faire.
- Le troisième arrive à
la retraite. Tout bascule, même son couple. Les petits enfants, la maman âgée,
le club de marche, l’Amicale des Anciens, le jardin, la paroisse un peu. Sourd
au Seigneur qui lui dit : Tu t’agites pour bien des choses : une seule est
nécessaire, ou bien : Insensé, ce soir même on te redemandera ta vie ; ce que
tu as accumulé, qui l’aura ?
Quand Jésus raconte
cette parabole, il sait que sa passion
s’approche, le drame qui va sceller des épousailles, nos noces avec lui. Au
plus fort de l’abandon sur la Croix, a lieu le rendez-vous d’amour de Dieu avec
l’humanité. Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima
jusqu’au bout, dit Saint Jean. Mais les disciples dormaient. Veillez et priez,
leur dit Jésus.
Le même appel retentit
pour nous : Veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure.
Que comprendre
dans
la
parabole
: Les jeunes filles représentent la Communauté
chrétienne. Toute sont actives (leur lampe) mais toutes s’endorment.
Certaines
ont
laissé s’éteindre leur attente,
elles n’ont plus d’huile. L’époux
attendu, c’est le Christ, le Seigneur ressuscité qui tarde à se manifester,
mais qui viendra dans sa gloire à la fin des temps. Même Saint Paul croyait qu’il
reviendrait de son
vivant, mais il tarde,
alors les Communautés s’assoupissent.
Cette attente dure toujours.
Nous ne savons pas quand le Seigneur reviendra. Nous ne savons pas quand notre
monde finira, ni chacun, quand notre vie finira. Mais il sera trop tard pour recharger
nos lampes. Oui, le Seigneur viendra, et nous serons jugés sur l’amour.
La condition pour entrer
dans le Royaume : être prêt, une lampe à la main, avec une provision d’huile,
c’est-à-dire une fidélité concrète vécue dans le quotidien - une réserve qu’il est
impossible à partager - à la lumière du Christ reçue à notre baptême. Personne
ne peut vivre une relation personnelle au Christ à la place d’un autre.
Le retard de l’Epoux est
le temps de l’action fidèle, patiente, dans la durée.
Ne soyons pas de ceux
qui vivent dans l’insouciance vis-à-vis
de l’essentiel, pris par la vitesse, les urgences et la multiplicité des offres jour et nuit.
Prenons le temps de
l’intériorité : la prière, la Parole, le silence ; enseignons-la à tout âge ; pour
que nous soyons trouvés vigilants lorsque le Seigneur viendra pour notre propre
Pâque, où nous serons pour toujours avec lui, avec ceux de nos proches qui nous
aurons précédés ou qui nous suivront en Dieu.
Que le Seigneur nous
accorde la Sagesse des veilleurs aux lampes allumées, dans le service quotidien
de leurs frères et dans l’amour vécu au jour le jour.
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