mercredi 8 avril 2020

Méditation pour un jeudi saint confiné, par le P. Louis Raymond

Méditation pour un jeudi saint confiné
Prêtres, nous devions essayer de nous rejoindre pour prier ensemble et pour des agapes fraternelles avant de célébrer la Cène du Seigneur avec vous tous, les disciples du Christ. Un virus en a décidé autrement et nous sommes confinés chez nous. Mais l’évènement que l’Eglise fête aujourd’hui demeure un temps fort de notre vie de chrétien. Deux faits se rejoignent aujourd’hui, deux faits qui sont liés : l’institution de l’eucharistie et le lavement des pieds des disciples par Jésus.
L’eucharistie est le centre de notre vie de chrétien. Et nous voyons bien quel manque nous éprouvons en ce moment de ne pouvoir la célébrer en communauté fraternelle. Nous ne pouvons communier physiquement au Corps du Christ et cela nous fait souffrir. Nous en sommes réduits à
une « communion de désir ». Oui, nous désirons de tout notre cœur communier ensemble à ce Christ qui se donne en nourriture, qui se donne en partage avec chacun et avec tous. Cette eucharistie fonde l’Eglise, a dit le Concile Vatican II. C’est vrai, nous avons besoin de cette communion au Christ pour vivre en communauté de foi et d’amour. Mais, dans ce manque temporaire, nous rejoignons tant et tant de personnes qui ne peuvent s’approcher aussi souvent qu’elles le désireraient de ce Dieu qui se donne en nourriture. Je pense à tant de personnes malades, handicapées, à tant de communautés où le prêtre ne passe que rarement, à des personnes qui ne se sentent pas dignes de communier. Puissions-nous profiter de ce temps pour approfondir le sens de l’eucharistie dans notre vie de disciples-missionnaires. Et souvenons-nous que le Christ a dit : « Faîtes ceci en mémoire de moi ! » C’est bien cet acte fondateur que nous refaisons à chaque eucharistie au nom du Seigneur Jésus.
Mais avant d’instituer l’eucharistie, Jésus lave les pieds de ses disciples. Ce geste de la vie ordinaire
devient le signe du service de l’homme. Jésus s’est fait le serviteur, serviteur de Dieu son Père,
serviteur des hommes ses frères. Rien de ce qui concerne l’homme ne le laisse indifférent. Il est venu
pour sauver l’homme, tout l’homme et tous les hommes. Tous les gestes humains sont des signes
pour lui-même. Et prendre soin de l’homme affaibli, de l’homme malade, de l’homme pécheur est un
des messages qu’il nous a laissé. Aujourd’hui nous le voyons s’agenouiller devant chacun des Apôtres et leur verser l’eau qui purifie et rafraîchit des pieds fatigués par les longues marches sur des terres sablonneuses de Palestine. Soin de l’homme, soin du corps, soin de l’homme tout entier créé à la ressemblance de Dieu. Le Christ, avant de se donner corps et âme pour notre salut, fait ce geste qui
devient un geste sauveur, un geste qui régénère, qui rend courage et force au voyageur fatigué. En
ce temps de confinement, je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces personnes qui soignent
avec d’infinies précautions ceux qui ont été atteints par cet affreux virus. C’est souvent en prenant
bien des risques qu’ils sont là, bons Samaritains à qui nous devons tant. Enfin nous leur rendons
l’hommage auxquels ils ont droit. Ces gestes sont des gestes sauveurs. Combien de ces gestes pleins
d’humanité reconnaissons-nous dans nos vies humaines ! Je les offre au Seigneur en ces jours de
pandémie.
Ces deux évènements sont liés comme les doigts de nos mains. Vivre cette proximité, ce service de
l’homme nous conduisent à une communion profonde en Christ, au Christ. Et cette communion
profonde au Christ nous conduit au service de l’homme. En ce jeudi saint le Christ veut que nous ne
séparions pas ces deux actes forts de son message. Eucharistie et service de l’homme fondent nos
vies en Christ. Tout geste pour le bien de l’homme nous rapproche du Christ qui donne sa vie pour
nous. N’ayons pas peur d’être humains, d’être proches, d’être disciples de celui qui « lave les pieds
de ses disciples ». Ainsi nous rejoindrons le Christ qui se donne en communion.
En tant que religieux et prêtre, en ce jeudi saint, je vous bénis chacun pour que vous puissiez vivre
cette communion profonde en Christ.

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