dimanche 14 août 2016

Homélie du P. Louis Raymond des 13 et 14 aout 2016

Samedi 13 août à Ingré et Dimanche 14 août à La Chapelle Saint Mesmin
« La paix, elle aura ton visage, la paix sera toi, sera moi, sera nous et la paix sera chacun de nous ! » Facile à chanter lorsque l’on est entre gens qui se connaissent, qui s’aiment bien, qui n’ont aucun différent, qui pensent sensiblement la même chose… Facile parce que la paix alors ne demande pas spécialement un effort de compréhension et d’adaptation, un effort pour aimer celui qui est différent de nous et qui attend pourtant que nous lui donnions la paix que Dieu est venu apporter sur la terre, une paix exigeante, une paix qui engage toute notre personne. Car enfin qu’est-ce que la paix que le Christ vient révéler au monde ? C’est une paix qui engage toute notre vie, toute notre manière d’être en tant qu’humain et en tant que disciple. Cette paix qu’il est venu nous offrir est passée par la croix, la souffrance, la mort. Et les témoins de la paix dans le monde ont aussi dû suivre ce chemin. Regardez les Martin Luther King, les moines de Thibirine, pour ne citer qu’eux… Dire au monde la paix du Christ est dangereux, nous le savons bien…
Et le chant que je prenais au début de ce mot montre bien que cette paix elle embrasse tous les hommes, quelle que soit leur couleur, leurs manières d’être, leur caractère, leur manière de penser. Et en ces temps difficiles que nous visons, nous savons bien que nous pouvons être embarqués dans des ressentiments, dans des colères, dans les « dents pour dents ». Devant le scandale de la souffrance imposée au nom d’une idéologie, nous risquons de tomber dans les amalgames en tout genre. Nous pouvons même prendre à partie des personnes qui n’ont aucune volonté de nuire. Bien au contraire ! La paix c’est un rude combat ! Nous le savons bien, même pour découvrir les moyens de faire la paix en nous-mêmes, il nous faut entrer en conflit avec ce qui est le plus profond en nous. Alors avec les autres, avec le monde, avec l’Eglise que ne faut-il pas comme combat.
Le combat du Christ se termine par ces mots : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Le christ supporte vaillamment cette souffrance, cette mort injuste parce qu’elle ouvre à la vie en Dieu et qu’elle nous mènera à la résurrection avec lui. Et nous savons que nous aussi nous serons amenés à vivre en lui. Mais le pardon aux ennemis reste le meilleur remède à toute violence. Le pardon, parlons-en… Pouvons-nous vivre sans ce pardon donné et reçu, sollicité parfois avec insistance et d’autres fois dans le silence de la souffrance intime. Pour que la paix soit possible, il faut que nous puissions assumer nos gestes, en reconnaître le bien et le mal, ce qui en eux fait vivre ou fait mourir.
La paix que le Christ promet est tout autre chose qu’un long fleuve tranquille. Il parle de feu : « Je suis venu apporter le feu sur la terre ! » Le feu ce n’est pas le symbole de la tranquillité. Lorsque des langues de feu se posent sur les Apôtres au jour de la Pentecôte, ceux-ci sont investis du pouvoir de continuer l’œuvre du salut. Ils devront devenir les témoins d’un Dieu qui aime l’homme profondément, sans distinction de race ou de couleur… Aimer c’est tout donner et se donner soi-même, dit Ste Thérèse. Nous ne ferons pas la paix sans ce don parfait de notre vie pour qu’elle advienne chez nous et entre les hommes. Faisons naître ce feu de l’amour qui va embraser nos vies et celle du monde.
L’eucharistie est vie et feu à la fois. Elle nous conduit au sein même de l’amour du Christ pour le Père et pour le monde. Pénétrons dans cet abyme d’amour que le Christ nous a laissé pour faire mémoire de son sacrifice, de son don pour l’humanité.


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