dimanche 7 août 2016

Homélie du Père Louis Raymond ce 6 aout à Ingré

La foi, à quoi ça sert ? me demandait ma jeune nièce il y a quelque temps… A rien, lui répondis-je, sauf que çà me fait vivre depuis 76 ans et des poussières… C’est vrai, j’ai essayé de vivre ma vie humaine le mieux possible et à ce point de vue ma foi ne m’a pas fait changer de chemin. Sauf qu’elle a donné un sens à beaucoup de choses de ma vie. Sans elle, parfois je n’aurais pas bien su pourquoi les réaliser.
Ce dimanche nous est donné comme une occasion de faire retour sur notre vie. Saint Paul dit aux Hébreux et donc à nous en ce jour : « La foi, c’est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître ce que l’on ne voit pas. » Il est vrai que nous aimons expérimenter ce qui touche notre vie et nous voyons très clairement que bien des choses sont incompréhensibles aux simples yeux humains. L’homme voudrait bien tout comprendre et en même temps les choses importantes de la vie lui échappent souvent. C’est le cas des grands sentiments qui sont les nôtres. Allez donc vraiment définir pourquoi nous aimons davantage un être qu’un autre au point de vouloir vivre avec lui toute une vie. Allez dire pourquoi un Père Hamel assassiné il y a quelques jours avait donné sa vie entièrement à Dieu et à l’humanité. Dans la foi, ces actes essentiels d’une vie prennent tout leur sens. Nous sommes invités en ce dimanche à nous redire ce que la foi nous donne de vivre, de voir comment cette vie de foi donne sens à tous nos gestes, à nos paroles, à nos actions.
Je pense à tous ces évènements que nous vivons depuis des mois et qui se sont accélérés ces derniers temps. Beaucoup sont douloureux, incompréhensibles. J’étais en Savoie et un de mes jeunes voisins me parlait du terroriste vivant à Aix les Bains. Il a passé le bac en même temps que lui et avait de bonnes relations avec lui. Il me disait toutes ses questions devant cet assassinat incompréhensible. Et lui qui ne se dit pas spécialement croyant semblait se reposer la question de Dieu dans tout çà. Il me disait : « Mais qu’est-ce qu’il fait lui là-haut ? » Que répondre sinon que Lui là-haut Il nous demande à nous de vivre et de témoigner de son amour pour tous les hommes, même nos ennemis. Nous sommes encore dans cette année de la miséricorde. Comment vivre cette miséricorde au cœur de ce monde bouleversé, et bouleversant ? J’aime beaucoup François notre Pape. C’est un homme de foi et pour lui croire l’engage forcément dans l’action. François est quelqu’un qui fait ce qu’il dit, qui fait ce qu’il croit. Je pense à notre frère, le Père Hamel. Sans doute sans cet odieux assassinat serait-il resté dans un strict anonymat. Mais nous l’avons entendu, cet homme âgé, tout donné à son ministère, capable de créer des ponts entre les hommes, cet homme représente cette catégorie de prêtres que nous connaissons bien dans notre secteur, ces prêtres comme nos Pères Guy et Louis qui, à un âge certain, continuent à servir, à célébrer, à accompagner. Je pensais à eux en lisant l’Evangile : « Heureux ces serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller… » Oui, veiller, mais pas endormis, ils sont bien éveillés. Ils contemplent ce monde avec l’œil bienveillant de ceux qui aiment, de ceux qui ont tout donné et qui continuent à tout donner. Ils célèbrent le pardon et le vivent au quotidien dans une maison de retraite. Ils vivent leur service comme des intendants fidèles de la grâce du Seigneur. Comme Abraham, ils entendent encore et toujours l’appel du Seigneur à quitter leur pays, à aller plus loin. Comme Sarah, ils savent rire, éclater de rire devant les merveilles du Seigneur, presqu’incrédule devant les propositions qu’Il vient leur faire. Comme elle, ils engendrent encore et encore à la foi celles et ceux qui se confient à eux. Et leur exemple est là pour nous stimuler parce que nous recevons le même appel à aimer, à inventer des chemins d’avenir pour notre humanité, pour nos proches et pour tous nos amis lointains. Nous sommes invités à vivre la fraternité, à grandir en humanité, à aller vers l’autre, le différent, à n’être indifférents à aucune détresse humaine ou spirituelle. Le Pape a dit au jeune de ne pas rester assis sur leur divan. Je crois bien qu’il nous le dit à nous aussi :  « Ne restez pas figés dans vos certitudes, vos habitudes, vos courtes vues. Allez de l’avant, le Seigneur vous attend et vos frères les hommes avec lui… »

L’eucharistie n’est pas un geste statique, mais un appel à l’action de grâce, un appel à présenter au Christ les joies et les tourments du monde et à les porter avec lui au Père. Que notre unité provoque l’unité de l’Eglise et du monde.

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