lundi 13 février 2017

Homélie du Père Jacques PISSIER - Dimanche 12 février 2017 à Ingré - 6 ème dimanche (Année A)


Un jeune grand-père regarde ses photos de montagne, avec nostalgie. J’avais 40 ans de moins. Aujourd’hui à l’évidence, son corps ne répond plus comme avant, des fragilités apparaissent. Peu à peu, il apprendra à ne pas tout pouvoir, ni tout vouloir, à continuer d’exercer sa liberté, jusque dans ses limites ; il devra consentir à la réalité comme une occasion de prendre ses responsabilités dans ce qu’il lui est possible de faire.

Choisir la vie pour rester libre, même quand on ne peut pas tout : tel est le chemin que Dieu nous propose : Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle, de choisir l’eau ou le feu. Au chapitre 30, 14 du Deutéronome, Dieu dit : Je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction, choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance.

Dieu nous demande, non pas de subir les évènements, mais, jusque dans les épreuves et les

crises, de choisir le chemin de vie.

Choisir la vie, c’est peut-être se répéter : j’y arriverai, ou bien rebondir après la tempête du chômage - revivre après la drogue - entamer un chemin de réconciliation - s’organiser auprès d’une maman qui ne peut rester seule - oser une folle aventure, comme Jean-Claude, handicapé de naissance. Il a 12 ans que j’arrive dans sa paroisse. Dans sa poussette on ne lui voit que la tête et le tronc, ses membres ne se sont pas développés, il a la maladie des os de verre. A l’église, on lui apporte le micro, il lit d’une forte voix ; à Lourdes, il est un vrai boute en train. 

Il est membre actif de l’APF. A 30 ans on lui propose de faire du théâtre. Je l’entends encore :

La metteuse en scène m’a dit : Jean-Claude tu n’as pas qu’une tête, tu as un corps, apprends à t’en servir, fais confiance. Ça a duré une quinzaine d’années.

Choisir la vie, ou le Royaume de Dieu, c’est faire confiance à la parole de Dieu.  Elle est un chemin de bonheur.  Heureux ceux qui marchent suivant la loi du Seigneur. C’est être capable de continuer à vivre alors que tout semble perdu, en se laissant guider par la loi nouvelle de l’évangile telle que Jésus l’a vécue et enseignée.

D’abord il appelle à intérioriser les commandements. Tout se joue dans le cœur de chacun.

Choisir la vie ou le Royaume de Dieu, c’est travailler son regard pour considérer l’autre comme un frère. La colère constitue déjà une agression contre lui, la convoitise aussi. La réconciliation est un devoir plus urgent que l’offrande à Dieu dans le culte.

Choisir la vie ou le Royaume de Dieu c’est chercher toujours plus la vérité dans nos relations. Oui c’est oui, non c’est non, le reste vient du Malin.

C’est un chemin de conversion et de guérison.

Un homme handicapé moteur écrit : J’ai d’abord voulu mener ma vie à la force de mes poignets, mais j’ai craqué. Au fond du gouffre, le Seigneur est venu me rejoindre et m’a simplement dit : Veux-tu que je t’aide à mener ta barque ? Mon oui m’a aidé à remonter la pente. Le Seigneur ne veut pas que nous en restions à l’étape de la croix, mais que nous lui offrions nos propres morts, souffrances, regrets, pour qu’il puisse les ressusciter.

Pour moi, choisir la vie, s’articule autour de 3 sacrements que propose notre Eglise :

l’eucharistie pour mieux connaître Celui qui nous transforme chaque jour, le Sacrement des Malades, qui est un geste d’abandon entre les mains de Dieu, et enfin le Sacrement de réconciliation qui nous permet de mieux discerner la volonté du Seigneur.

Seigneur, conduis-nous sur le chemin de la vie.

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