lundi 6 mars 2017

Homélie du Père Jacques PISSIER - 1er dimanche de carême - 5 mars 2017


Le diable se cache dans les détails, dit-on. C’est souvent à cause de broutilles non comprises que commencent les disputes, et les rancœurs si on n’y prend pas garde. Le serpent est rusé, dit la Bible et Eve se laisse piéger par ses paroles de soupçon. Que la Bible l’appelle tentateur, dragon, diviseur, diable ou Satan, il rôde cherchant qui dévorer, dit Saint Pierre, pour instiller le doute sur la droiture de Dieu, mener à la confusion dans nos relations, particulièrement nos relations homme-femme, avec la création, et avec Dieu.

 

La tentation fait partie de notre condition humaine. Elle consiste essentiellement à se prendre pour Dieu, ou du moins pour ce que nous imaginons que devrait être Dieu. « Ni Dieu ni maître, c’est moi le chef, qui sais, qui dis ce qui est bien, qui décide des droits et des devoirs de chacun, jusqu'à devenir un tyran dominateur qui instaure la loi du plus fort, la jungle entre les hommes. Par Adam, prototype de l’homme tenté, la mort est entrée dans le monde, dit Saint Paul. Quand nous acceptons avec délices d’y entrer, nous continuons le péché d’Adam, nous dressons la Croix du Christ.

Le récit des tentations, au début de l’évangile de Matthieu, est comme  un résumé de celles que nous connaissons. Elles touchent à des réalités vitales : la nourriture, le pouvoir, l’ambition démesurée. Ne nous arrive-t-il pas de dire : je vis seulement de nourritures terrestres, ce qui sort de la bouche de Dieu est sans intérêt ? Ou encore : Dieu est à mon service, je le prie de réaliser mes désirs ? Ou bien : Dieu est secondaire, l’essentiel c’est ma carrière, mes loisirs ?

Profondément homme, Jésus a été soumis à la tentation. Tentation de douter d’être réellement Fils de Dieu, d’échapper aux limites de la condition humaine, de se servir de son pouvoir (divin) pour s’imposer aux hommes, de se faire acclamer comme le sauveur du peuple. Il le sera, mais par la Croix.

Comme le peuple de Dieu autrefois dans le désert, nous sommes tentés de douter de Dieu  (il ne fait rien pour moi) ; de chercher nos sécurités ailleurs, dans des idoles qui nous droguent : l’argent, l’étourdissement, l'addiction à nos écrans, le pouvoir, l’orgueil.

En ce Carême, nous chercherons à identifier nos propres tentations, qui se cachent sous l’apparence d’un fruit appétissant, pour les reconnaître devant le Seigneur dans le sacrement de son pardon.

La question pour nous finalement est de choisir d’être, vraiment ou non, enfants de Dieu, en relation de totale confiance avec lui ; d’être, vraiment ou non, en relation de fraternité entre nous. Et de vérifier ce que nous sommes.

Si nous choisissons de marcher à la suite du Christ, sur le chemin de l’amour, alors nous vivrons. Sinon, c’est la jungle !

Résister à la tentation est un vrai combat. Qui se déroule en nous. où nous ne pouvons vaincre qu’avec Jésus et comme lui. Il est écrit ! Jésus repousse le tentateur par la Parole. 

Par l’obéissance d’un seul, le Christ, à la parole d’amour du Père, la multitude des hommes est rendue juste.

 

Pour mener le combat de la liberté, de la fidélité, de la prière, de la justice, nous avons : le jeûne, le partage, et la Parole de Dieu. Nous sommes entrés, ce Mercredi des Cendres, dans quarante jours d’entraînement pour grandir dans l’amitié avec le Seigneur. A la base de tout, nous rappelle le pape dans son message de carême, il y a la Parole de Dieu. Décidons de quelle manière nous l’écouterons et la méditerons avec davantage d’assiduité. Pour nous laisser d’abord aimer par le Seigneur. S’il nous mène au désert, c’est pour mieux nous manifester sa tendresse.

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