lundi 13 mars 2017

Homélie du Père Jacques PISSIER - Dimanche 12 mars 2017 - 2ème dimanche de Carême


« Nanpoin rinmin ki pa mandé kité ». Le créole est plein de sagesse. Il n’y a pas d’amour qui ne demande pas de se quitter. Quitter veut dire aussi laisser. De la naissance à la mort, aimer, c’est un jour quitter quelqu’un d’autre, et quitter ce à quoi l’on tient : L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous les deux ne feront plus qu’un, ou bien quitter sa maison pour se rapprocher de ses enfants.

Quitter pour s’attacher, pour répondre à un appel du large, non pour délaisser ceux que nous aimons, mais pour garder les yeux tournés vers le but. Quitte ton pays et va vers le pays que je te montrerai. Abram a fait confiance en la promesse de bénédiction de Dieu et s’en alla.

Jésus demande à ses disciples de tout quitter pour le suivre. C’est une première attitude fondamentale pour suivre Jésus : ne pas cesser spirituellement d’être en marche, de se libérer des entraves qui nous éloignent de Dieu. Voyons comme nous avons du mal de ne pas chercher à reproduire le passé dans notre Eglise. Arrêtez de dire : on a tjs fait comme ça ! répète le pape. Les adultes qui se préparent au baptême découvrent les mauvaises habitudes qu’il leur faut quitter pour vivre de l’amour du Christ pour eux.

Suivre Jésus, c’est aussi aller avec lui, à l’écart, sur la montagne où il veut se révéler dans toute sa splendeur. Quand j’étais jeune prêtre, je pensais bien qu’à 40 ans (ça me paraissait très loin), je connaîtrais vraiment Jésus. Aujourd’hui je me dis que ma courte vie ne suffira jamais.

La montagne, c’est la prière : pour laisser la lumière de Jésus, que j’ai reçue au baptême m’habiter, pour redécouvrir qui il est : Le Fils bien-aimé du Père, qui fait sa Joie, qui est sa Parole même, donc en l’écoutant j’écoute directement le Père. Une catéchumène me disait : Dès que je lis le matin sur mon smartphone les lectures du jour, je trouve toujours que c’est à moi qu’elles s’adressent. (Si les vieux baptisés que nous sommes pouvaient faire la même expérience !)

Mais Jésus est en même temps Dieu qui s’abaisse, prenant la forme de serviteur, pauvre, vulnérable, humble, sensible, défiguré. Et cela beaucoup ne le supportent pas, peut-être parce qu’ ils ne supportent pas leurs propres fragilités. Car Dieu renonce désormais à s’imposer, il se donne dans l’humanité et l’humilité de son Fils. C’est lui qui nous est donné à voir, à écouter et à suivre, pour faire route avec Dieu. L’extraordinaire du don de Dieu se cache dans l’ordinaire d’un homme qui donne sa vie jusqu’au bout pour nous.

C’est dans l’ordinaire de nos vies, redescendus de la montagne pour vivre dans la vallée, qui peut être de larmes, que nous suivons Jésus pour aimer comme lui. Relevez-vous et soyez sans crainte. Il a détruit la mort et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Evangile. Conséquence : Prenons notre part des souffrances liées à l’annonce de  cet Evangile.

  En ce Carême, renouvelons notre engagement à servir l’Evangile, cherchons ce que nous aurions à quitter, un appel à accepter, un service à rendre, pour répondre aux appels du Christ à marcher à sa suite.

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