dimanche 27 août 2017

Homélie du Père Louis RAYMOND – 21ème dimanche du temps ordinaire - Année A - 27 août 2017


N’est-ce pas une question lancinante pour tout chrétien que pose Jésus aux Apôtres ? Oui, qui est Jésus pour nous, pour moi, pour mon groupe ecclésial, pour le monde ? Aura-t-on fini un jour d’y répondre ? Pierre, lui, se lance et il dit sa foi : « Tu es le Messie, le fils de Dieu attendu dans le monde ! ». Oui, c’est une belle réponse, mais nous aurons l’occasion de voir dans la vie de Pierre que la réponse quotidienne est moins simple. Devant la servante au moment crucial du jugement de Jésus, il n’y aura plus personne. Pierre sera aux abonnés absents. Il niera connaître cet individu que l’on va crucifier comme un malfaiteur. Et pourtant quelque temps auparavant, il se disait prêt à aller jusqu’au bout, à mourir, s’il le fallait, avec lui. Mais entre la proclamation de la foi et la vie de tous les jours avec les contraintes du témoignage, il y a tout un chemin. Le Christ est une personne vivante et nous croyons en un vivant, quelqu’un qui bouge, quelqu’un qui appelle et qui dérange.

 

Oui, Jésus est un Vivant et de ce fait, on ne peut dire d’un seul coup : « Je crois. » En nous il est toujours en train de changer quelque chose. Le Christ auquel nous croyons lors de notre profession de foi, n’est pas celui de notre mariage ou de notre profession religieuse. Peu à peu nous le découvrons et il nous faut sans cesse le chercher. Les grands saints n’ont fait que cela ; ils ont été en quête toute leur vie. Et parfois il y a de longues éclipses, des temps morts comme dans les matchs. Nous pensons alors que rien ne se passe parce que nous ne voyons pas ce qui se passe. Le Christ est toujours là, mais on a l’impression qu’il est aux abonnés absents, qu’il s’est caché derrière nos murs d’indifférence. Je ne sais pas si ces moments-là ne sont pas encore davantage porteurs que les moments de grâce où tout se passe bien, où tout roule. Profitons à plein de nos moments de grâce, prenons tout notre plaisir. Mais ne nous lamentons pas quand tout ne va pas comme sur des roulettes dans notre vie de foi. Continuons la route jusqu’à ce que notre GPS intérieur nous montre que le chemin est retrouvé.

 

Mais oui, la question demeure et Jésus nous la pose aujourd’hui : « Pour vous, qui suis-je ? » Le Christ est-il vraiment le vivant, le ressuscité du matin de Pâques ? Est-il une personne qui marche auprès de moi comme auprès des Apôtres sur la route d’Emmaüs ? Il chemine, il ne se fait pas reconnaître tout de suite. Il attend son heure tout en expliquant les Ecritures, tout en nous disant son Evangile, sa Bonne Nouvelle. Il ne nous laisse pas sur le chemin, mais il est discret, presque secret. Il y a quelques dimanches, on parlait d’une « brise légère ». Une brise légère, ce n’est pas l’ouragan, la tempête. Jésus est là et je ne le savais pas jusqu’à ce qu’il se révèle. A Emmaüs ce sera dans l’explication des Ecritures et le partage du pain. Tiens voilà nous qui sommes là, nous faisons exactement ce qui s’est passé à Emmaüs. Nous lisons les Ecritures, nous essayons de comprendre et puis nous partageons le pain. Le lieu de l’Eucharistie est le lieu par excellence pour reconnaître le Christ présent parmi nous.



Le Christ est un vivant et il ne nous laissera jamais inerte. Vous le savez bien, la vie nous bouscule toujours et partout où nous sommes. Le Christ se manifeste dans les évènements de nos vies, dans la vie du monde. Et lorsque nous sommes présents à ce monde, alors le Christ y est présent par nous. Lorsque nous nous battons pour un monde plus juste, plus fraternel, plus vrai, le Christ est présent par nous. Et cette présence le vivifie. Le Christ est le prince de la paix et il ne nous laisse jamais en paix comme nous l’aimerions. Sa paix est toujours en construction tout comme son espérance, tout comme sa miséricorde. Nous pourrions relire les Béatitudes. C’est loin d’être un texte mièvre, à l’eau de rose. C’est la richesse du disciple du Christ qui est exprimée là. Quand je réponds avec Pierre : « Tu es le Christ, le fils du Dieu Vivant », je proclame que ce Christ est celui qui nous dit : Heureux les pauvres, les doux, les miséricordieux, les faiseurs de paix et de justice, ceux qui pleurent avec ceux qui souffrent et ceux qui partagent la joie et l’espérance des hommes. Notre foi en Christ est engagement à le faire connaître et aimer, à vivre selon les béatitudes. Nous sommes envoyés au monde le transformer, pour le faire vivre à la manière du Christ.

 

Pierre, je voudrais faire passer ma prière par toi aujourd’hui. Tu as été tellement proche de Jésus. Aide-moi à le reconnaitre dans ma vie, dans la vie du monde et de l’Eglise. Aide-moi à témoigner de lui dans les bons et les mauvais moments. Pierre, toi qui as eu des hauts et des bas dans ta vie, aide ton Eglise à être toujours présente là où l’avenir de l’homme est engagé. Aide nous à dire notre foi dans le Christ, le fils du Dieu Vivant. AMEN !

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