dimanche 17 septembre 2017

Homélie du Père Jacques PISSIER - 24 ème dimanche du temps ordinaire - Année A - 16 septembre 2017


J’entends encore cette question, au cours d’une préparation au mariage, posée par un couple animateur : Jusqu’où êtes-vous prêts à vous pardonner ? Un grand silence lui répondit. A juste titre.

Demander pardon n’est déjà pas facile – sinon on se confesserait plus souvent. Mais une fois l’absolution reçue, je me sens libéré, restauré dans ma condition de frère et de fils.

Le couple ajoutait : Vous arrive-t-il de demander pardon à vos enfants ?

Pardonner est une autre paire de manches. Avec tout ce qu’il m’a fait ! il m’a fait trop de mal, je ne pourrai jamais l’oublier ! Pardonner n’est pas oublier, surtout quand on a été blessé à vie. C’est une question de volonté plus que de sentiment : je veux rétablir cette relation brisée par l’offense. Cela peut demander des années. Ce n’est déjà pas si mal de ne pas ressasser sa douleur, ne pas ruminer sa haine ni sa vengeance. C’est une question de foi : croire que nous pouvons continuer d’être aimé par Dieu, et croire que l’autre peut changer. Seul l‘amour peut pardonner. C’est une question d’amour.

Pourquoi est-ce si dur ? parce que je dois renoncer au pouvoir sournois que me donne sur l’autre sa faute commise contre moi. C’est lui qui me doit, je ne lui dois rien. Pas si sûr !Peut-être que j’ai des dettes 100 fois plus lourdes envers d’autres. Quel est ce démon qui nous rend si lucides sur les dettes d’autrui à notre égard et si aveugles face à ce que nous devons à d’autres, comme la vie et l’amour, le travail et le manger, la santé et le confort ? Le pardon n’est-il pas une question de vérité ?

70 fois 7 fois. Le 7 biblique signifie la totalité. Pierre pensait que c’était déjà difficile de pardonner 7 fois. Jésus répond que le pardon n’est jamais à option, mais une ardente obligation. Pourquoi ? Parce que c’est ainsi que Dieu agit à notre égard.(Rancune et colère, voilà des choses abominables. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis). Si nous voulons demander à Dieu d’avoir pitié de nous, il nous faut pardonner nous-mêmes aux autres. Inversement pour pouvoir donner notre pardon à nos frères, il nous faut d’abord l’avoir reçu de Dieu.

La vérité, c’est que Dieu, à l’image du roi de la parabole, nous a déjà remis la dette incommensurable que nous ne pourrons jamais lui rembourser. Sa miséricorde est infinie. Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. La réponse est là. Dieu, dans le Christ se réconciliait le monde. Il est allé jusqu’à nous donner son Fils.  Jésus est mort pour nos péchés. En le contemplant longuement sur la Croix nous découvrons jusqu’à quel point il est capable de nous aimer. Nous sommes insolvables de cet amour.

La résistance au mal qui nous habite est un vrai combat. Jésus nous y précède : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’il font.- Vous n’aurez pas ma haine, dit ce père qui a perdu son fils tué au Bataclan. - Christian de Chergé, moine à Tibhirine, écrit : Je te pardonne d’avance, toi l’ami de la dernière minute qui n’aura pas su ce que tu faisais.

Rappelons-nous l’Année de la miséricorde. La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. C’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché. Père, ton fils Jésus est venu en ce monde pour nous tourner vers toi. Il nous révèle ton infinie patience et l’immensité de ta miséricorde. Donne-nous de tellement croire à ton amour, d’aimer tellement ton nom de Père, que notre vie ne soit rien d’autre qu’un éternel retour à toi. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur.

En cette eucharistie, rends- nous semblables à Lui.

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