La Parole de Dieu qui
nous venons d’entendre n’a pas été écrite pour la fête à Ormes, mais elle se révèle,
comme
toujours,
étonnement
actuelle.
D’habitude,
les
jours
de
mémoire
nationale, sur la Place du Souvenir qui relie l’Eglise à la Mairie, nous
entendons des discours destinés à nous mobiliser dans le sens de la liberté,
l’égalité, la fraternité.
Ici, nous entendons
une
parole
Autre,
qui
s’adresse
à
tous.
Elle
nous
invite
à
choisir
en
connaissance de cause ce Dieu qui nous rend libres, et à vivre en en
conséquence.
La Bible nous raconte (1e lecture) comment les tribus
d’Israël sont devenues peu à peu un peuple jusqu’à leur arrivée
en
Terre Promise. L’assemblée de Sichem se situe à un moment déterminant de leur histoire. Josué somme le peuple de faire un choix clair : servir les dieux étrangers ou continuer de
suivre le Seigneur qui les a guidés tout au long de leur parcours. Leur réponse
est claire : C’est lui qui nous a protégés, nous voulons servir le Seigneur,
c’est lui notre Dieu. Nous savons qu’ils n’ont pas toujours été fidèles à cet
engagement.
Dix siècles plus tard, l’histoire se répète avec Jésus.
Lui aussi pose la question décisive :
Voulez-vous partir vous
aussi ? Il faut dire que Jésus vient de multiplier les pains pour la foule ;
comme ils en
redemandent, il leur montre que ce pain-là n’est qu’un signe et qu’il est, lui,
le pain de Dieu. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, si quelqu’un
mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma
chair donnée pour la vie du monde.
Nous qui héritons de ce
signe après 20 siècles de vie d’Eglise, réactualisé en chaque messe, nous
disons Amen en
communiant au Corps du Christ, mais en comprenons-nous tout le sens ? N’est-ce
pas tous les jours qu’il
nous fait re-choisir le Christ, comme les époux se redire Oui tous les jours ?
Qu’apprenons-nous de ces
deux récits ?
- Que nous ne pouvons pas bien
vivre
ensemble
sans
nous
référer
à des valeurs qui nous
dépassent, la fraternité, le bien commun, que nous avons à recevoir et à
transmettre ; c’est le rôle des parents puis de toutes sortes d’enseignants et
éducateurs.
- Que nous ne sommes pas notre propre référence.
Ceux qui se prennent pour Dieu sont des dictateurs, petits ou grands : c’est
moi qui décide ce qui est bien, je suis votre seul guide. Ceux-là sèment la
mort, en politique, en famille, en religion.
- Que nous sommes tous
appelés à faire des choix libres, en conscience. Je le vois bien dans les
préparations au mariage,
la première grande question est : suis-je vraiment libre de m’engager avec
cette personne à la
fidélité pour la vie ?
- Que le Dieu de
Jésus-Christ, Père, Fils et Esprit est le seul qui nous rend libres, qui ne s’impose jamais. Voulez-vous me quitter vous aussi ? Jésus en prend le risque. Qu’il n’enferme personne
dans son choix, ni ses actes, ni ses prises de position, qui ne juge pas, mais
qui ne cesse d’appeler à une relation personnelle avec lui de confiance, de
dialogue, d’amour filial et fraternel.
Nous avons un exemple
dans la lettre de Paul aux chrétiens d’Ephèse, à travers ce bout de phrase
étonnant : Femmes, soyez soumises à vos
maris. Certains rigolent, d’autres sont choqués.
Normal. Paul, citoyen
romain contemporain de Jésus, écrit à des gens qui ne pouvaient concevoir l’égalité
des sexes comme nous aujourd’hui, la femme était toujours désignée par rapport
à son mari.
Mais il y a la suite : comme l’Eglise se soumet au
Christ. Et vous les hommes, aimez votre femme à
l’exemple du Christ,
sous-entendu, qui a donné sa vie pour son Eglise.
Il faut donc comprendre,
non pas : obéissez, mais soyez des
soutiens les uns pour les autres.
Vous que le baptême a
unis au Christ, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus, dit aussi Saint
Paul. La relation entre
la femme et son mari doit précisément se vivre dans un esprit de service, de
responsabilité et
d’amour mutuels.
Nous voyons bien que ce
chemin, à la suite du Christ, est le
plus libérant, en même temps qu’exigeant,
un chemin de joie, sans cesse à reprendre.
Seigneur Jésus, à qui
irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
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