Homélie du Père Jacques PISSIER - Fête de l'Epiphanie - Année C - 5 janvier 2019

Qu’est-ce qui les rend si joyeux, ces rois qui marchent à l’étoile ? Quelle est cette Bonne Nouvelle susceptible de nous mettre en route, nous aussi ?

Voilà que commence à se réaliser : Ce qui était annoncé et attendu comme une espérance folle : Jérusalem attire à sa lumière  toutes les nations de la terre, et chacune apporte ses propres richesses qui manifestent la gloire de Dieu.

Ce qui était caché  jusqu’à  la venue de Jésus,  le mystère  impensable que Dieu a révélé par son Esprit aux Apôtres : toutes les nations de la terre sont appelées à faire corps ensemble dans le Christ et à recevoir le même Esprit Saint.

La   vocation   universelle   de   l’évangile   et   la   catholicité   de   l’Eglise,  signifie qu’elle est destinée   à  l’ensemble du monde, cela commence à Béthléem quand ces mages venus d’orient, éclairés par les Ecritures et le judaïsme qui les possède sans se mettre en route, suivent l’étoile et se prosternent devant l’enfant, roi des Juifs. La mention de trois cadeaux différents a poussé la dévotion populaire à imaginer 3 personnages différents, comme pour indiquer que  notre communion au même Corps du Christ ne supprime pas la singularité de chacun.

Cela donne sens à notre Galette paroissiale du 20 janvier. Nous l’avons décidé en EAP, car il y a longtemps que nous n’avons pas eu d’assemblée paroissiale, que l’on a besoin de s’écouter, de faire corps ensemble. Pour manifester combien la contribution de chacun  est   nécessaire pour que  notre Eglise  parle au monde,  lui dise combien chacun est aimé, lui montre le Christ et la lumière de l’évangile. Nous souhaitons quelque chose de convivial,  chaleureux,  et, à   l’écoute  d’une  belle   réalisation par   service, repérer ensemble quelle population nous rejoignons, un peu, beaucoup ou pas du tout.

L’enjeu actuel de l’Evangile  est moins géographique que  culturel :  Annoncer le message chrétien d’une manière audible et crédible aux cultures nouvelles du monde moderne et des jeunes générations. Ce sont celles des dizaines de familles qui arrivent dans les nouveaux lotissements. Le Seigneur nous les confie  C’est un immense défi que nous avons à relever ensemble. Mais demandons-nous :  Ai-je vraiment le désir profond qu’ils découvrent Jésus le Christ qui nous fait vivre ?

L’Epiphanie nous indique encore  une voie de compréhension  entre les peuples, entre les religions, entre les cultures et entre les groupes humains. Elle est un prélude à la Pentecôte.  A quelques mois des élections européennes, il n’est pas indifférent à l’évangile   que   toutes   les   nations   marchent   dans   la   même   direction,   parce   que finalement appelées à faire corps dans le Christ Jésus, chacune apportant leurs trésors au   Roi   des   nations.    Deux   phénomènes  actuels   sont   inquiétants :   la  montée   de l’intolérance et du rejet de l’autre,  dans un discours plus ou moins raciste et nationaliste, en particulier  face   aux   migrations,   et  le  repli   sur   soi  des  individus   et  des   catégories sociales en revendications corporatistes.

Jésus nous envoie :  De toutes les nations faites des disciples. Comme les Mages, voyons si nous ne devons pas prendre un autre chemin : notre baptême et chaque eucharistie créent en nous un être humain universel.