Ce soir tout est dit, il ne reste
plus qu’à passer aux actes.
Au centre, Jésus, librement se
donne. Avant la fête de la Pâque – car il sera lui-même l’Agneau pascal immolé,
- sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père –
d’où il vient, - Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les
aima jusqu’au bout.
Pour ses amis réunis autour de la
table, comme nous ce soir, Jésus pose deux actes, le double signe de l’amour
suprême : le don de lui-même, sous le signe du pain partagé et du sang versé, et
sous le signe du lavement des pieds. Avec ce double commandement : faites ceci
en mémoire de moi, et c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous
fassiez vous aussi comme j’ai fait pour vous.
Ces deux gestes sont
complémentaires, indissolublement liés. Sage leçon à ceux qui seraient tentés
de séparer prière et action. La prière débouche forcément sur l’ouverture à
l’autre, et le service du frère, pour ne pas dévier, a besoin de se nourrit de
l’amour du Christ et de la force de son Esprit, dans le mémorial de sa mort et
de sa résurrection.
Le lavement des pieds aurait pu être
un 8e sacrement. Mais ce rite que vont accomplir les prêtres et
diacres au service de la population du secteur ouest, est plutôt un état
d’esprit à vivre au quotidien.
Ce n’est pas la première fois que
Jésus se fait le plus petit, c’est sa nature depuis qu’il a pris chair en la
Vierge Marie. Le jour des Rameaux, nous
l’avons médité avec Saint Paul : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti,
prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes… il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’ à la mort, et
la mort de la croix. On se souvient que Jésus s’est abaissé devant la femme
adultère et devant ses accusateurs. Jamais Jésus ne surplombe ses adversaires,
sauf du haut de la croix… pour faire descendre sur eux son pardon… et sur nous.
Quelle puissance de l’amour !
C’est un exemple que je vous ai
donné… Ce geste de l’esclave lavant les pieds des hôtes nous rappelle que
l’amour et le service fraternel s’inscrivent dans des gestes quotidiens : en famille,
soin des corps, caritatifs, éducatifs, écoute patiente et temps donné. Service
du pauvre, du malade, du migrant, du prisonnier. C’est à moi que vous l’avez
fait, dit Jésus.
Comme lui, savoir dresser la table,
nouer le tablier, servir par amour, comme lui.
Cet engagement à nous mettre
nous-mêmes aux pieds de Jésus en la personne du frère, de la personne fragile,
rend plus insupportable la confusion dramatique de certains, au sein de l’Eglise,
entre le service et la domination.
Ecoutons cet appel à la conversion
que lance le pape François dans sa lettre au Peuple de Dieu : Il est essentiel
que, comme Eglise, nous puissions reconnaître et condamner avec douleur et
honte les atrocités commises par des personnes consacrées, par des membres du clergé,
mais aussi par tous ceux qui ont la mission de veiller sur les plus vulnérables
et de les protéger. Nous avons à relever le défi en tant que peuple de Dieu…
d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit…
Que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et
sociale, qui nécessite la conversion personnelle et communautaire… face à une
manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise.
La contemplation du Christ livré et
donné nous y pousse. Et j’ajoute : comment pouvons-nous bouder cette belle
opportunité du Synode que l’Esprit suscite dans notre diocèse ?
Que le Seigneur nous donne de
travailler à une Eglise qui fait signe plus que nombre, composée de serviteurs
humbles plus que triomphants, crédibles plus que croyants, à la vie donnée,
comme lui ce soir.
Tout est dit, il nous reste à faire,
avec la grâce de Dieu.
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