Pourquoi nous propose-t-on ce récit
tragique de Jésus en croix pour le célébrer comme roi de l’univers ? C’est
presque comme terminer un concert de Sainte Cécile par le morceau le moins
brillant. Ce choix réfléchi veut certainement nous donner un reflet de notre
vie de tous les jours, dans laquelle s’affrontent, comme ici, deux
logiques opposées, celle de Dieu et celle des hommes.
La logique des hommes est répétée trois
fois : Sauve-toi toi-même. Les
chefs tournaient Jésus en dérision : il en a sauvé d’autres, qu’il se
sauve lui-même. Les soldats se
moquaient de lui : si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même. Un
des malfaiteurs l’injuriait : Sauve-toi toi-même et nous avec.
C’est la logique du : je ne compte que sur moi pour me sauver, me
guérir ; je ne dois rien à personne ; j’ai assez donné, moi
d’abord ; pour devenir riche écrase les autres… La logique mortifère du
pouvoir égoïste et du mépris des autres.
La logique du Royaume de Dieu est de s’en remettre entre les mains de Dieu
pour qu’il vienne nous sauver, pas sans nous, au contraire. C’est la logique de Jésus, jusqu’à la fin de sa vie. Pas de plus grand amour que de donner sa vie
pour ses amis. Dans le don de sa vie, se révèle pleinement le visage
de Dieu. Dans son extrême impuissance
transparaît la force de son amour :
Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. Mourant, il
exerce son pouvoir envers celui qui le prie : Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. Jésus
répond : Aujourd’hui, avec moi, tu
seras dans le Paradis. A l’instant où il meurt, la vraie vie commence pour
lui et le larron. C’est le passage par la mort qui devient vie, la voie de
l’amour offerte à tous. C’est en cela que Jésus est le Roi, un roi de vie et de vérité, de justice, d’amour et
de paix.
Nous trouvons des traces de ce Royaume
dans la célébration des 30 ans de la Convention
internationale des droits de l’enfant. Tous ceux qui cherchent à défendre
les droits des plus petits et des plus menacés, promouvoir leur dignité et leur
responsabilité font la rencontre, peut-être sans le savoir, de Jésus qui
a dit : Ce que vous faites au plus
petit d’entre mes frères, c’est à moi que vous le faites. Spécialement à Ormes, je mesure la
chance qui nous a été offerte, avec des amis, d’accueillir durant trois
semaines 17 classes à l’Ecole de musique, pour leur offrir le témoignage
d’enfants non scolarisés en Haïti.
Mardi, à la salle Rabelais, c’était
émouvant d’entendre un garçon et une fille par classe, déclamer chacun des
Droits de l’Enfant. Même si on leur a rappelé leur devoir d’écouter
leurs camarades qui parlent. Une
anecdote pour finir. En sortant de la salle, deux grands se bousculent,
l’un donne un méchant coup de pied à l’autre, qui s’écroule en pleurant. Une
maîtresse appelle le fautif :
Qu’est-ce qu’on vient d’applaudir et de chanter ? le droit d’être
respecté.Alors ? Et elle soupire : Il y a encore du travail ! Mais Dieu est patient, jusqu’à
notre dernière heure, si nous nous tournons vers lui, il est prêt à nous
dire : Aujourd’hui, avec moi, tu
seras dans le Paradis. Oui il y a du travail, et pas que pour les
enfants !
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