Homélie du p. Louis Raymond pour la fête de la Toussaint

 Homélie de la Toussaint 2020

« Tous saints ». Cette expression peut donner le vertige à plus d’un qui lutte sur cette terre pour marcher à la suite du Christ. « Tous saints » parce que le Seul Saint, c’est Dieu notre Père et que c’est lui qui, par son Fils, nous fait partager sa sainteté. Et il veut que tout homme soit appelé à partager cette sainteté. Par le baptême, nous avons été configurés au Christ et donc nous partageons la sainteté de Dieu ; c’est vrai, nous sommes tous appelés à partager la sainteté de Dieu, quelle que soit notre situation dans ce monde.

Alors aujourd’hui nous sommes invités à fêter tous les saints anonymes, ceux que nous avons connus ou que nous connaissons aujourd’hui et tous les inconnus de notre terre. Ce sont les saints de la vie ordinaire, comme vous et moi, celles et ceux qui ne font pas des choses extraordinaires, mais qui vivent leur vie en s’ouvrant aux autres, en portant le poids du jour, en vivant leur vie de famille, de travail, de contact, en acceptant que leur vie, à un moment, leur échappe un peu. « Nous autres, gens des rues », titre Madeleine Delbrel. On pourrait dire : « nous autres, gens de la vie ordinaire, qui nous levons le matin pour aller au travail, pour nous occuper des enfants, de notre mari ou de notre épouse malade, qui prenons part à la vie de la cité ». Oui, nous sommes les héros de la vie ordinaire et, par le Christ, Dieu nous propose de faire de ce chemin ordinaire, la montée vers lui et Il ne cesse de nous accompagner et de nous inviter à partager sa sainteté. C’est la multitude dont parle l’Apocalypse.

Et il nous donne pour cela une marche à suivre. Ce sont ces béatitudes que nous avons entendues tout à l’heure. Etre saint c’est vivre notre vie au plus près de celui qui est décrit dans ces béatitudes, celui a été doux, pur, miséricordieux, faiseur de paix, pleurant avec ceux qui pleurent, celui qui a toujours été du côté des humiliés, des petits. Il est venu pour les malades et les pécheurs. Dans notre vie ordinaire, nous pouvons mettre cet esprit qui rend tout geste humain extraordinaire. Je vois ces personnes qui se dévouent auprès des personnes âgées, seules… Je vois ces soignants dont on a redécouvert le rôle éminent pendant la pandémie. Et tous ces humbles qui nous débarrassent chaque jour de nos déchets. Et tous ces enseignants qui permettent aux enfants de devenir des hommes et des femmes responsables. Toutes ces personnes de bien qui ne le crient pas sur les toits. Aujourd’hui l’Eglise les honorent, tous ces anonymes que seul, le Seigneur connait vraiment.

Alors, la sainteté pour tous, est-ce possible ? Non seulement possible, mais parce que le Seigneur est bon, parce qu’il est grand, parce qu’il est saint, tout homme est appelé à partager sa sainteté. Oui « tous saints » parce que le Seigneur est saint et que, par Jésus, il nous fait entrer dans sa propre sainteté. Mais, vous allez me dire, « et tous ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus-Christ ? Ceux-là ne sont-ils pas appelés à partager la sainteté de Dieu ? « Dieu a créé l’homme et la femme et Il vit que c’était très bon ! » Dieu a mis au cœur de sa créature le germe de sainteté qu’il porte en lui. L’homme a été créé à son image et sa ressemblance et il a donc en lui ce germe de sainteté. Si l’homme va au fond de lui-même, il ne peut que découvrir la main de Dieu, la sainteté, la bonté, la beauté de Dieu. Et en vivant sa vie d’homme il rejoint lui aussi son Créateur.

La sainteté, c’est le refus des idoles et Dieu sait si le monde sait se construire des idoles. Les « veaux d’or » sont multiples. C’est l’argent, la possession, le pouvoir, le plaisir pour le plaisir, la domination. Jésus-Christ, dans ses béatitudes, nous donne l’antidote à ces idoles. Il ne nous dit pas de ne pas utiliser les biens de la terre. Au contraire ! Mais il nous dit de les utiliser avec discernement et en y mettant son Esprit d’Amour. Il fait appel à ce qui est le plus noble en l’homme et l’invite à faire le bien comme lui l’a fait sur cette terre, proche qu’il était des petits et des pécheurs. Alors, aujourd’hui portons au plus profond de notre prière tous ces saints anonymes que nous ne cessons de rencontrer et présentons-les au seul saint, Dieu notre Père par Jésus notre Sauveur. AMEN