samedi 10 octobre 2020

Homélie du père Louis Raymond pour le 11 octobre 2020


Homélie du 11 octobre 20 28ème dimanche ordinaire


A la lecture du Prophète Isaïe, on ne peut qu’avoir l’eau à la bouche et le cœur en fête : « festin de viandes succulentes et vins capiteux. Il fera disparaître le voile de deuil. Il fera disparaître la mort pour toujours ! » Quelle belle fête Dieu nous prépare-t’il ! 

Oui, mais tout cela c’est peut-être pour après, direz-vous ! Aujourd’hui il faut encore vivre avec l’odeur de la mort et de la tristesse. Les photos de l’arrière-pays Niçois sont dans toutes nos mémoires et ce satané virus est toujours là. Et la jeune Victorine a été lâchement assassinée. Et tant de peuples se font encore la guerre. Et le terrorisme est toujours présent et actif. C’est vrai, notre monde n’est pas en paix et le festin savoureux pris en commun n’est pas pour demain. On ne peut même pas faire un repas partagé. 

Et si nous, les chrétiens, nous avions quelque chose à dire au milieu de ce cahot ! Nous ne nions pas le mal dans ce monde. Nous ne sommes pas à dire : « Tout va très bien, Madame la marquise ! » Nous partageons les angoisses des personnes qui nous entourent, des peuples dans lesquels nous vivons. Nous portons tout cela en solidarité, comme des frères et soeurs en humanité. « Tous frères », nous dit le Pape. Oui, nous partageons l’humaine condition de tout un chacun. Et nous essayons, à notre petit niveau, d’apporter quelque chose de l’espérance que le Christ a mise dans nos cœurs. Les chrétiens sont souvent aux avant-postes lorsque la solidarité est nécessaire et c’est très bien ainsi. Dieu merci, ils ne sont pas seuls, mais ils sont bien là. C’est notre ADN d’être présents là où la souffrance s’installe, là où le désespoir peut naître.

Oui, mais qu’avons-nous à donner à ces hommes et ces femmes qui nous entourent et souffrent ? Souffrir avec eux, partager leur sort est déjà une attitude humaine et chrétienne importante. Certains l’ont très bien fait et continuent à le faire. Le Pape nous rappelle le témoignage du Pauvre d’Assise et profite de sa fête pour nous rappeler le devoir de fraternité qui est le nôtre. De riche qu’il était, François d’Assise s’est fait pauvre pour être présent à cette part d’humanité qui n’a pas les mêmes chances. Le baiser au lépreux demeure un geste fort qui nous entraine. Et son beau cantique des créatures nous fait entrer déjà dans l’image du merveilleux festin qu’Isaïe nous décrit. Il nous dit que ce festin peut déjà aujourd’hui être d’actualité. Nous avons tout pour être heureux, pour nous réjouir ensemble de cette belle terre et de ses fruits merveilleux. Mais pour cela il faut accepter de nous faire pauvres, de quitter notre suffisance. Les invités de la noce, ceux à qui était destinée la première invitation, n’ont pas accepté cette invitation. Ils avaient tous autre chose à faire, des choses bien plus importantes à considérer. Et ils ont raté l’occasion de la fête. Et le Seigneur est alors  allé par les chemins, aux carrefours des routes pour prendre tous les va-nu-pieds qui traînaient et ils se sont assis à sa table. « Les premiers sont les derniers, les derniers sont les premiers ! » La logique du Seigneur demeure toujours la même. Son appel va à tous les hommes, mais il réserve toujours une place de choix à ceux qui n’ont pas de place en ce monde.

A tous les invités, le Seigneur demande de mettre le vêtement de noce, pas seulement au malheureux qui ne l’a pas mis. « Revêtez-vous des sentiments qui sont en mon cœur », semble dire le Seigneur. Et je me plais à penser que là est ce fameux vêtement de noce. C’est un cœur désencombré, débarrassé de tout ce qui le retient loin de l’amour. Les premiers invités avaient un cœur beaucoup trop encombré pour pouvoir accepter de partager le repas de noce. François d’Assises a du se faire pauvre pour accueillir le Seigneur et tous ces pauvres dont il a fait ses compagnons. Il faut tout perdre, tout lâcher pour accueillir le Seigneur qui vient. Qu’ai-je à lâcher, à abandonner pour rencontrer le Seigneur en vérité ? Ma communauté, qu’a-t-elle à abandonner pour présenter au monde le festin du Royaume. Seigneur, débarrasse-nous de tout ce qui nous encombre et nous pourrons fêter dans la joie ton amour tous ensemble, « tous frères » « Tutti fratelli ». AMEN !


    





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à laisser votre commentaire sur cet article.