jeudi 15 octobre 2020

Homélie du père Louis Raymond pour le 18 octobre 2020

 Homélie du 29 ème dimanche ordinaire Dimanche des missions à St Dominique

Le Pape vient de nous livrer une réflexion importante qui se nomme « Tous frères » « Fratelli tutti ». Et j’ai déjà vu et entendu des commentaires où on dit que le tableau qu’il dresse de la vie du monde est bien sombre et que cette encyclique est politique. Et des voix s’élèvent déjà pour dire que ce n’est pas le rôle de l’Eglise de faire de la politique. Qu’est-ce que la politique sinon une manière de vivre humainement en société, avec d’autres, en cherchant un bel équilibre pour que tous puissent vivre le plus justement possible. Bien sûr ce n’est jamais gagné, mais il faut essayer d’arriver à cet équilibre-là. Et le Pape essaie de pointer du doigt tout ce que ce monde dans lequel nous vivons, doit réformer en profondeur pour que l’homme, la création soient respectés. La foi ne se vit pas dans les nuages, mais au milieu des hommes et avec tous les hommes. La foi en Dieu concerne toute la vie. Et où voulez-vous que puisse se vivre notre foi sinon dans le monde, au milieu du monde ? Le Pape fait un constat un peu sombre de ce monde, mais il dit aussi que la solution pour nous chrétiens nous appartient : c’est d’ajouter un supplément d’âme à ce monde et d’y vivre davantage la fraternité. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! » Tiens, le Christ ne nous dit pas de désobéir à César, mais plutôt de le respecter. Il serait bon, ne croyez-vous pas, que l’on respecte ceux et celles qui nous gouvernent, même si nous ne sommes pas d’accord sur tout avec eux. César, du temps de Jésus, c’était l’envahisseur Romain et Jésus le respecte et lui laisse sa part de responsabilité dans la gestion du monde. Aujourd’hui, nos dirigeants le deviennent à la suite d’élections. Comment ne pas respecter ce qu’ils sont ? Comment contester utilement ce qui nous semble injuste et inapproprié ? Nous Chrétiens, nous avons des choses à dire à ceux qui nous dirigent, mais toujours dans le respect. C’est bien ainsi que nous rendrons à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Quand le Pape nous dit : « On ne peut pas continuer à presser la terre comme une orange », nous comprenons bien ce que cela veut dire. Nous savons bien que nous avons, chacun à notre niveau, une responsabilité.

Un article de la Croix du week-end dernier nous disait que nombre d’entrepreneurs venaient rencontrer les moines dans leurs monastères et étaient très intéressés par leur manière de gérer leur communauté et le travail qu’elle produisait. Etonnant non ? On ne peut pas taxer les moines de faire de la politique politicienne, mais la règle de saint Benoît est un modèle de « management », comme on dit en bon Français actuellement. Il est vrai que Saint Benoît connaissait bien le cœur de l’homme et ses besoins. L’homme était au centre de sa préoccupation. Vous allez me dire, mais c’est Dieu qui est au centre de sa préoccupation. Oui, mais pour atteindre ce Dieu de liberté, il fallait à ces hommes et ces femmes un chemin où ce qui comptait le plus était d’abord chaque personne, son épanouissement profond. Et le travail qu’ils étaient amenés à faire, concourait à cette rencontre de Dieu. Dieu a remis à l’homme ce monde, cette création. Qu’en fait-il ? C’est bien la préoccupation de notre Pape et de bien des gens raisonnables aujourd’hui. Alors s’intéresser à la chose publique, faire en sorte que tout homme puisse vivre décemment, c’est aussi notre ADN de chrétien. Nous sommes en pleine semaine missionnaire. Croyez-vous que les missionnaires à l’œuvre dans le monde n’ont pas pris en compte toute la vie humaine de ces hommes et ces femmes à qui ils proposaient l’Evangile ? Un de nos confrères Papou, aujourd’hui Evêque, remerciaient les missionnaires car ils s’étaient faits ethnologues, soignants, enseignants tout en annonçant JC. Ce qui intéresse Jésus-Christ, c’est l’homme total, l’homme dans sa globalité, l’homme au milieu de cette création voulue par Dieu.

« Me voici, envoie-moi ! », tel est le thème de la semaine missionnaire. Qui, parmi nous, répondra en toute liberté : Moi, je suis prêt à aller là où l’Eglise en mission m’appellera ». AMEN !

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