Homélie du 3 ème dimanche de Carême 7 mars 2021
Sœurs et frères, je suis heureux de célébrer cette eucharistie avec la présence des membres de l’ACF,
« ces sacrées bonnes femmes » comme elles se définissent parfois. Nous avons tous pris conscience,
je pense, que la place des femmes dans l’Eglise est à la fois très importante et qu’elle n’est pas
encore suffisamment reconnue. Il y a tout de même très récemment des évènements qui nous ont
montré que les choses avancent dans l’Eglise. Le fait de l’ouverture de ministères institués de lecteur
et d’acolyte aux femmes en est un. Bien sûr, les femmes lisent à l’Eglise depuis longtemps et, si vous
n’étiez pas là, nous n’aurions pas besoin de choisir les gestes barrières et les distances que nous
impose le Covid. Il y aurait suffisamment de place et de distance pour tous. Et tant de services
d’Eglise resteraient inertes. Une place reconnue vous est faite, même si nous pensons que cela ne va
pas assez loin. Et puis que Sœur Nathalie BECQUART soit nommée à Rome, au service de secrétaire
du Synode des Evêques avec le même droit de vote que les cardinaux est une véritable avancée
souhaitée par le Pape. Je connais un peu Nathalie que j’avais invitée au séminaire pour nous donner
un témoignage sur la vie religieuse. C’était important aussi pour les séminaristes de voir une femme
comme elle. Ils faisaient un peu la moue pensant que j’allais faire venir une bonne vieille sœur à
cornette. Mais quand ils ont vu Nathalie leur parler de son amour pour la voile et toutes les
expériences qui étaient les siennes en particulier avec les jeunes, leur regard sur la vie religieuse
féminine a changé un peu. Pour certains c’était un vrai appel à conversion.
En lisant le texte d’Evangile de ce dimanche, je me demande ce que le Christ voudrait chasser en
premier pour que notre Eglise redevienne ou devienne davantage Peuple de Dieu, témoin de sa
miséricorde, porteur de son Evangile. Certainement le Christ nous appelle à renverser certaines
tables, celles de nos conforts et de nos conformismes. Notre Pape François, depuis le début de son
pontificat, ne cesse de nous inviter à renouveler notre Eglise. Et il n’hésite pas à aborder tous les
sujets qui fâchent. Il nous a invités à la miséricorde alors que nous avons des jugements tout faits sur
tout. Il nous appelle à la joie alors que nos visages ont bien de la peine à montrer les signes du
Ressuscité. Il nous invite à prendre en compte la création toute entière, la nature et au cœur de cette
création la plus belle des créatures qu’est l’homme créé à son image. Il nous invite à regarder du côté
des immigrés, nos frères. Il nous invite à la sainteté et à prendre ce chemin à travers notre vie de
tous les jours.
Et nous prenons conscience de ce que tout cela demande comme changements dans notre vie de
chrétiens. Tous nos conformismes, tous nos jugements bien établis, toutes nos habitudes immuables,
plus rien ne tient. Nous devons nous refonder. Le Christ, au grand scandale des Juifs, annonce même
la ruine du Temple. C’est le scandale le plus grand qui puisse exister. Mais il dit aussi comment il va le
reconstruire en trois jours. Et nous le savons bien nous-mêmes, il va le reconstruire en donnant sa vie
sur la Croix et en ressortant du tombeau, libre et vainqueur de la mort. A ceux qui croient en la
pérennité du Temple de pierres, il oppose sa vision à lui : sa souffrance, sa mort sur une croix comme
un vulgaire brigand, sa mise au tombeau et sa résurrection le 3 ème jour. A la gloire humaine il oppose
le don total de sa vie par amour. Et pour lui, il n’y a pas d’autre chemin de salut que celui-là, celui que
nous avons pris avec lui depuis ce début de Carême et qui débouchera sur la résurrection.
Sœurs et frères en Jésus-Christ, redisons avec Paul en qui nous croyons, « le Messie crucifié, scandale
pour les Juifs, folie pour les nations païennes ». Oui, c’est en lui que nous croyons. Combien d’idées
toutes faites, combien de constructions que nous croyons solides comme fer, combien de regards sur
la vie, sur la création, sur Dieu et sur les autres ne devrons-nous pas consentir à laisser tomber ou à
transformer pour vivre, libres et heureux, témoins du Ressuscité ? Seigneur, fais le ménage dans ma
vie ; nettoie, émonde. Je serais tellement heureux de te retrouver tel que tu es : Vivant, Ressuscité !
« Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant » ! AMEN ! a
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