Homélie du 29ème dimanche ordinaire 17 octobre 2021
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S'il en était besoin, les évènements de l'Eglise, ces dernières
semaines, nous ont rappelé combien il fallait que l'Eglise se réforme et en
profondeur. Elle qui tenait parfois le haut du pavé est tombée de haut en
regardant de près le rapport de la CIASE. Et l'Evangile d'aujourd'hui vient à
point nommé. Il nous rappelle que l'Eglise ne peut être que servante. Elle ne
peut donner des leçons puisqu'elle a montré combien elle pouvait être elle-même
pécheresse, combien elle pouvait éprouver les plus pauvres, les plus petits
parmi nous. Donc elle ne peut donner de leçons péremptoires comme elle a eu
tendance à le faire. Mais elle doit se rappeler qui est son Maître et comment
il est venu sauver le monde. Il s'est fait vulnérable, petit enfant. Il nous a
sauvé en prenant la place de serviteur et sa mort pour nous sauver a été le
partage dans le pire des supplices comme les brigands et ceux qu la société
rejette. Aujourd'hui la question est posée: "L"Eglise accepera-t'elle
de prendre la place du serviteur dans cette humanité ? Acceptera-t'elle de
prendre le tablier pour panser les plaies de cette humanité?"
"Pour être premier, il faut servir!" J'ai devant moi l'image
du Père Abbé d'un monastère lavant les pieds de ses frères à l'entrée du
réfectoire. Ce n'est pas du folklore. C'est un geste profond qui montre qu'il
est le Père de ses moines et qu'il est donc le serviteur. J'ai entendu un Père
abbé qui a donné sa démission et qui se prépare, après quelques mois de
solitude , à revenir comme simple moine dans
son monastère. Il soulignait combien le Seigneur l'avait surpris le jour
de son élection et quel choc il avait pu ressentir. il était simple moine et
tout à coup, il devenait le Père. Il fallait tout apprendre, et de la gestion
d'un monastère, et du service qu'il devait rendre à chacun de ses frères. Et
maintenant, après ces longues et nombreuses années, il fallait réapprendre à
devenir un simples moine. J'ai été frappé par la sincérité de cet homme. Il a
pris soin, pendant une trentaine d'années de ses frères. Aujourd'hui il
continue sa vie monastique dans la prière, le silence, le service humble et
pauvre.
SERVIR! Oui, l'Eglise que j'aime, c'est celle qui a mis son tablier de
service de l'humanité maltraitée, humiliée, avilie parfois, toujours en quête
du salut en Jésus-Christ. Nous avons l'habitude de nous signer, de faire sur
notre corps ce signe de la croix, signe du service gratuit que le Christ a
offert à l'humanité. Ce signe de la croix est notre emblème. Mais cette croix
est devenue signe d'un amour total: "Il n'y a pas de plus grand amour que
de donner sa vie pour ceux qu'on aime." Le Christ, le premier-né de toute
créature," a voulu nous montrer un chemin, lui le serviteur souffrant pour
toute l'humanité. Ce service de l'humanité lui a coûté la vie. Et aujourd'hui
encore des hommes, des femmes sont capables de donner leur vie pour que
d'autres vivent. Nous le voyons chez ces missionnaires qui décident de rester
dans des situations très dégradées et qui risquent la mort pour le peuple
qu'ils sont venus servir. Nous l'avons vu avec les moines de Tibhirine et les
martyrs de tant de pays où la haine était présente partout.
Nous-mêmes, nous sommes engagés pour que notre Eglise devienne de plus
en plus servante et pauvre. Il nous faut
passer par le dépouillement. Le Christ est pauvre et nu sur la Croix. Et il
nous l'a dit: "le disciple n'est pas au-dessus de son maître." Le
service de l'humanité et le service de Dieu se confondent. Soyons de celles et
de ceux qui n'ont pas peur d'être simplement serviteurs. En ce moment débute à
Rome un évènement qui concerne toute l'Eglise, le Synode sur la synodalité dans
l'Eglise. L'Eglise doit se remettre en cause. Elle doit se réformer et elle ne
se réformera pas sans nous, sans la participation croissante des laïcs, des femmes
en particulier. L'Eglise n'est pas d'abord une hiérarchie bien huilée, mais un
peuple où chacun a une place et où les décisions sont collégiales. Faisons en
sorte qu'à notre petit niveau ce soit déjà le cas. Prenons notre part de
l'animation de nos communautés et soyons missionnaaires dans le monde.
Pour être de l'Eglise, il faut apprendre à SERVIR! AMEN!
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