mardi 26 octobre 2021

Homélie du père Louis Raymond pour le 17 octobre 2021

 

Homélie du 29ème dimanche ordinaire 17 octobre 2021

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S'il en était besoin, les évènements de l'Eglise, ces dernières semaines, nous ont rappelé combien il fallait que l'Eglise se réforme et en profondeur. Elle qui tenait parfois le haut du pavé est tombée de haut en regardant de près le rapport de la CIASE. Et l'Evangile d'aujourd'hui vient à point nommé. Il nous rappelle que l'Eglise ne peut être que servante. Elle ne peut donner des leçons puisqu'elle a montré combien elle pouvait être elle-même pécheresse, combien elle pouvait éprouver les plus pauvres, les plus petits parmi nous. Donc elle ne peut donner de leçons péremptoires comme elle a eu tendance à le faire. Mais elle doit se rappeler qui est son Maître et comment il est venu sauver le monde. Il s'est fait vulnérable, petit enfant. Il nous a sauvé en prenant la place de serviteur et sa mort pour nous sauver a été le partage dans le pire des supplices comme les brigands et ceux qu la société rejette. Aujourd'hui la question est posée: "L"Eglise accepera-t'elle de prendre la place du serviteur dans cette humanité ? Acceptera-t'elle de prendre le tablier pour panser les plaies de cette humanité?"

"Pour être premier, il faut servir!" J'ai devant moi l'image du Père Abbé d'un monastère lavant les pieds de ses frères à l'entrée du réfectoire. Ce n'est pas du folklore. C'est un geste profond qui montre qu'il est le Père de ses moines et qu'il est donc le serviteur. J'ai entendu un Père abbé qui a donné sa démission et qui se prépare, après quelques mois de solitude , à revenir comme simple moine dans  son monastère. Il soulignait combien le Seigneur l'avait surpris le jour de son élection et quel choc il avait pu ressentir. il était simple moine et tout à coup, il devenait le Père. Il fallait tout apprendre, et de la gestion d'un monastère, et du service qu'il devait rendre à chacun de ses frères. Et maintenant, après ces longues et nombreuses années, il fallait réapprendre à devenir un simples moine. J'ai été frappé par la sincérité de cet homme. Il a pris soin, pendant une trentaine d'années de ses frères. Aujourd'hui il continue sa vie monastique dans la prière, le silence, le service humble et pauvre.

SERVIR! Oui, l'Eglise que j'aime, c'est celle qui a mis son tablier de service de l'humanité maltraitée, humiliée, avilie parfois, toujours en quête du salut en Jésus-Christ. Nous avons l'habitude de nous signer, de faire sur notre corps ce signe de la croix, signe du service gratuit que le Christ a offert à l'humanité. Ce signe de la croix est notre emblème. Mais cette croix est devenue signe d'un amour total: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime." Le Christ, le premier-né de toute créature," a voulu nous montrer un chemin, lui le serviteur souffrant pour toute l'humanité. Ce service de l'humanité lui a coûté la vie. Et aujourd'hui encore des hommes, des femmes sont capables de donner leur vie pour que d'autres vivent. Nous le voyons chez ces missionnaires qui décident de rester dans des situations très dégradées et qui risquent la mort pour le peuple qu'ils sont venus servir. Nous l'avons vu avec les moines de Tibhirine et les martyrs de tant de pays où la haine était présente partout.

Nous-mêmes, nous sommes engagés pour que notre Eglise devienne de plus en plus servante  et pauvre. Il nous faut passer par le dépouillement. Le Christ est pauvre et nu sur la Croix. Et il nous l'a dit: "le disciple n'est pas au-dessus de son maître." Le service de l'humanité et le service de Dieu se confondent. Soyons de celles et de ceux qui n'ont pas peur d'être simplement serviteurs. En ce moment débute à Rome un évènement qui concerne toute l'Eglise, le Synode sur la synodalité dans l'Eglise. L'Eglise doit se remettre en cause. Elle doit se réformer et elle ne se réformera pas sans nous, sans la participation croissante des laïcs, des femmes en particulier. L'Eglise n'est pas d'abord une hiérarchie bien huilée, mais un peuple où chacun a une place et où les décisions sont collégiales. Faisons en sorte qu'à notre petit niveau ce soit déjà le cas. Prenons notre part de l'animation de nos communautés et soyons missionnaaires dans le monde.

Pour être de l'Eglise, il faut apprendre à SERVIR! AMEN!

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