Homélies du mois de septembre 2016
Les 10 et 11 septembre à Ingré et La Chapelle St Mesmin
La Parole de Dieu est d’une particulière richesse aujourd’hui
puisqu’à ces deux petites paraboles, nous pouvions ajouter celle du fils
prodigue ou du Père Miséricordieux. Toutes trois nous montrent combien la quête
de Dieu est importante. C’est Dieu qui est toujours à notre recherche lorsque
nous nous égarons. C’est la brebis perdue que cherche le berger jusqu’à ce
qu’il l’ait retrouvée et qu’il puisse la ramener dans la bergerie. C’est la
pièce d’argent que cette femme va chercher en balayant soigneusement la maison
pour remettre la main dessus. La quête du Christ correspond aussi à la nôtre. Etre
en quête de Dieu, en quête de celui qui va remplir notre vie, c’est être aussi
en quête de l’homme, de celui qui s’égare et de ce qui est le trésor de sa vie.
Aujourd’hui nous pouvons nous poser la question de la quête qui est la nôtre.
Sommes-nous vraiment en quête de Dieu ? Et par la même occasion
sommes-nous en quête de l’homme, de l’homme blessé, de l’homme qui attend la
main secourable, la main qui relève et qui sauve ?
L’exemple du Christ nous est donné qui interroge vraiment les
pharisiens et les scribes : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs
et il mange avec eux ! » Le Christ n’a jamais eu peur de se souiller
en présence des pécheurs, des pauvres, de ceux et celles qui étaient rejetés.
Au contraire c’était souvent ceux et celles qui l’entouraient, au grand
scandale des gens bien, de ceux qui pensaient suivre la loi strictement. Ces
derniers étaient sans concession extérieurement. Ils avaient, selon eux, une
conduite irréprochable. Mais cherchaient-ils Dieu ou se cherchaient-ils
eux-mêmes ? Car Dieu, par qui se laisse-t’il trouver ? Est-ce
par ceux qui sont sans reproches, ou
est-ce par ceux qui se reconnaissent pécheurs et pauvres ? L’Evangile est
rempli de ces pécheurs qui viennent aux pieds de Jésus et qui implorent le
pardon comme la pécheresse qui y verse toutes les larmes de son corps… Ou
d’autres, comme Zachée, qui simplement voulaient voir le Christ et qui, dans
leur attente, étaient de véritables chercheurs de Dieu.
L’Evangile d’aujourd’hui, dans ces deux petites paraboles,
nous dit l’essentiel de la vie en Christ : la recherche incessante du
Christ vis-à-vis de celle ou celui qui s’égare, et la recherche non moins
incessante de cette partie du trésor perdu. Nous, chrétiens, nous sommes des
chercheurs de Dieu et Celui-ci se laisse trouver au bout d’un long chemin, un
chemin fait de recherche, de tâtonnements et parfois d’avancées et de reculs.
Je souhaite à chacun de nous de devenir des hommes et des femmes de désir de
dieu, des hommes et des femmes en recherche de Celui qui donne la vie. Ce n’est
pas grave de s’égarer tant que l’on a au cœur le désir de retrouver celui qui
nous fait vivre.
St Paul dans sa lettre à Timothée reconnaît qu’il était ignorant
et que de ce fait il était devenu « persécuteur, blasphémateur,
violent ». Il reconnaît aussi que « la grâce de Dieu a été encore plus abondante ». Eh oui, le
pécheur pardonné, celui qui reconnaît qu’il a besoin de la grâce pour vivre, ne
peut qu’être reconnaissant. Dieu l’a tant aimé qu’Il est venu à lui pour lui
dire : « Mon ami » ! Il l’a pris sur ses épaules comme il a
pris la brebis perdue et Il s’est tellement réjoui de l’avoir retrouvée qu’il a
voulu faire partager sa joie à tous ses amis. Eh oui, il y bien plus de joie
dans les cieux pour un seul pécheur pardonné que pour 99 autres qui n’ont pas
besoin de ce pardon, de cet amour…
Et si nos communautés devenaient vraiment ces lieux où
s’exerce réellement la miséricorde de Dieu ! Je crois bien qu’elles
seraient ces havres de paix où toutes les petites brebis égarées pourraient
venir se réfugier et trouveraient des épaules prêtes à les porter. C’est bien
ce que nous pouvons nous souhaiter en ce début d’année pastorale. Nous ne
ferons sans doute pas des actions d’éclat, mais nous pourrons être des lieux de
paix et de réconciliation, d’accueil et de partage réel.
Que l’eucharistie fasse de nous un peuple eucharistique,
offert au Seigneur, ouvert à nos frères et sœurs de toute la terre.
Homélies des 17 et 18 septembre à
Ingré et Ormes
Une fois de plus on s’aperçoit que Dieu et l’argent semblent
ne pas faire tout-à-fait bon ménage. Le Christ est particulièrement net sur ce
point : « on ne peut servir Dieu et l’argent ! » Or, autant
que nous sommes ici, nous voulons servir Dieu et le mieux possible. Et d’un
autre côté, l’argent est bien utile pour vivre et pour faire vivre. On ne peut
pas s’en passer sinon nous ne pouvons pas vivre décemment. C’est vrai, nos
sociétés sont fabriquées ainsi. S’en sortent ceux qui ont de l’avoir. Les
autres ont bien du mal à s’en sortir.
Alors le Christ fustige t’il à ce point ceux qui ont de
l’argent ? Cette page d’Evangile est plutôt étonnante. On dirait que le
Christ vante l’astuce de cet intendant malhonnête qui se sert de l’argent de
son maître pour s’en sortir. Il fait des cadeaux sur le dos de son maître et le
Christ semble dire : bravo ! tu sais bien t’en sortir ! Vous
allez dire : c’est facile de se faire des amis avec l’argent des autres.
Je crois bien que le Christ ne dit pas que la malhonnêteté est une vertu, mais
que cet argent du Maître n’est pas non plus un but dans la vie. Amasser n’est
pas le seul but de toute une vie. Cet argent il est fait aussi pour servir. Et
dans le cas concret, il va servir à faire vivre les débiteurs de son maître.
Ceux-ci ont dû en être bien aise, eux qui devaient tant de barils d’huile, tant
de sacs de blé… Ce qui est frappant, c’est certainement des denrées simplement
pour vivre ou même pour survivre… Ce n’est pas pour s’enrichir… Je ne peux
m’empêcher de penser aux peuples de la faim, aux pays en voie de développement.
Si tout-à-coup ils réclamaient leur dû, leur part de nourriture et de pain, que
ferions-nous ? Ne sommes-nous pas nous aussi redevables par rapport à
eux ? Ils continuent à être pillés et ils se pillent même entre eux. Et le
monde dont nous sommes continue avec une conscience tout à fait tranquille, la
conscience du maître malhonnête. Car finalement qui est le plus malhonnête dans
cette affaire, du Maître ou de l’intendant, de celui qui se débrouille ou de
celui qui entasse ?
L’argent, les richesses n’ont rien de mauvais, évidemment et
le Christ ne les condamne pas. Ce qu’il condamne c’est l’attitude de celui pour
qui l’argent et les richesses deviennent un dieu, et qui refusent de partager,
de faire des heureux avec même leur superflu souvent…
Je crois bien que le Christ, une fois de plus, veut nous
faire comprendre qu’il nous faut acquérir une vraie liberté par rapport à
toutes les richesses extérieures. Mais il nous dit tout de go que vivre cette
liberté par rapport à l’argent est très difficile. L’argent est un mauvais
maître si nous nous laissons dominer par lui. Il nous mène à ne plus avoir
qu’un désir : en avoir davantage, accumuler, s’asseoir sur sa richesse et
ne plus tenir compte des autres. A cela il y a sans doute des remèdes. C’est le
partage équitable. Vous voyez, je réfléchissais avec un Abbé d’un monastère. Il
me disait : « Tu sais, dans notre communauté, nous sommes 20 à
travailler à un projet commun. Au bout d’un certain temps une certaine richesse
peut s’accumuler puisque chacun alimente la caisse commune par son travail et
dépense peu. La Règle nous a prescrit de mettre à part un pourcentage pour des
œuvres sociales et pour aider les églises plus pauvres. Chez nous, me
disait-il, c’est 20% minimum. » Et oui, dans l’histoire nous avons bien vu
des monastères qui se sont enrichis et leur mission s’est complètement
édulcorée. Heureusement il a aussi surgi des réformateurs qui ont su rappeler à
de meilleurs sentiments… Eh oui, l’Eglise elle-même est tentée par l’argent.
Allez demander à notre Pape François si ce n’est pas la réalité, lui qui se bat
pour que l’Eglise redevienne pauvre pour les pauvres. Vous vous rendez compte
que l’on est en train de louer ce Pape parce qu’il a montré que l’on pouvait
vivre pauvre même au Vatican! Mais n’est-ce pas une chose qui devrait être la
norme de l’Eglise. En tout cas je suis sûr que c’est bien son désir :
faire de l’Eglise un Peuple pauvre pour que tous les pauvres puissent y trouver
une place…
Eh bien il y a du travail pour que cela puisse se réaliser
vraiment. Je crois que le travail que nous avons à faire c’est un réel partage
à vivre au quotidien. Ne pas se laisser enfermer dans nos richesses nous
permettra de nous ouvrir au Christ, à cette Bonne nouvelle du salut dont nous
sommes dépositaires. Que l’eucharistie qui est avant tout partage de l’amour du
Christ pour son Père nous ouvre à ce partage universel qui fera en nous notre
véritable bonheur, celui de donner et de recevoir la Bonne Nouvelle du salut.
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