mercredi 8 novembre 2017

Homélie du Père Jacques PISSIER - 31ème dimanche du temps ordinaire - 4 novembre 2017


Accueillons la Parole que nous venons d’entendre, non pas comme une parole d’homme, mais comme la Parole de Dieu qui est à l’œuvre en nous, les croyants…

 

Ne vous faites pas appeler Maître, ne donnez à personne sur terre le nom de Père. Maël (un enfant) n’aurait pas le droit de dire papa à son père ? Devrais-je lui interdire de me dire Mon Père quand je lui donne la vie de Dieu par le baptême ? Et quand il ira en classe, il ne lèvera pas le doigt en disant Maîtresse ?

S’il y avait eu la télé, les scribes et les pharisiens auraient été les premiers à se faire remarquer, eux qui aimaient se faire appeler Rabbi, Maître, celui qui sait, qui dit ce qu’il faut faire. Problème : ils disent et ne font pas. Jésus ne supporte pas cela : Ecoutez-les quand ils disent la parole de Dieu mais ne les imitez surtout pas. Des beaux parleurs, il y en a toujours, dans tous les milieux et de tout âge. Des y a qu’à, faut qu’on, vous devriez faire, vous n’avez pas fait… tous ceux qui se mouillent à prendre des responsabilités en entendent tous les jours de la part de personnes qui ne bougent pas le petit doigt.

 

En réalité, les échanges virulents entre Jésus et les Pharisiens reflètent la situation de l’Eglise au moment où Matthieu écrit son évangile, vers 80. Jérusalem a été mise à sac par les Romains en 70, et les chrétiens sont marginalisés par les Pharisiens. Soucieux d’interpréter la Torah en fonction des circonstances, ceux-ci insistent sur l’observance des règles au détriment de l’esprit. Dans la Communauté chrétienne, on met l’essentiel dans l’attachement à Jésus, et à travers lui, à Dieu, et dans le service du frère. Transposons auj.

Veillez à ne pas vous prendre pour le Bon Dieu, en décidant à sa place du bien ou du mal, ni à faire passer l’enseignement du Christ derrière la transmission de vos valeurs.  C’est pour nous rappeler les vraies priorités que nos évêques interviennent régulièrement sur des questions éthiques, économiques ou politiques, comme bientôt sur la transmission de la vie.

 

Les avertissements de Jésus valent pour nous tous. Rechercher des titres, la reconnaissance vaniteuse, les places d’honneurs, c’est une manière de calculer ce qui va nous rapporter le plus. Et cela entraîne des relations froides et méfiantes. Chercher à dominer les autres, c’est oublier que nous avons un seul Père, un seul Père qui nous a créés, c’est nous trahir les uns les autres. (Malachie). Toute personne qui exerce une responsabilité, vit un service, détient une autorité, en Eglise ou ailleurs, peut connaître cette tentation, qui peut dévier en prise de pouvoir, en appropriation d’une tâche.

Prendre le Christ comme seul Maître, c’est se comporter, à la manière de St Paul vis-à-vis de ses chers Thessaloniciens, comme une mère qui prend soin de ses nourrissons. Une mère donne, elle ne calcule pas. Ce souci prioritaire de l’autre entraîne des relations de confiance, de gratitude et de réciprocité.

Si moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, dit Jésus au soir de son dernier repas, c’est pour vous donner l’exemple. - Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

 

Dans l’Eglise, rien n’est plus grand qu’être baptisé. C’est notre dignité commune.

C’est aussi notre ligne de conduite, la seule qui donnera envie de devenir chrétien : agir en fils du même Père, et en serviteurs de nos frères.

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à laisser votre commentaire sur cet article.