Homélie du Père Jacques PISSIER - Dimanche de l'Epiphanie - 6 janvier 2018

Un matin sur RCF, j’ai entendu les vœux de notre Evêque : Je vous souhaite d’aller à la rencontre ! Mais de qui, et comment ? Comme si nous regardions les déplacements qu’ont effectués les Mages pour aller à la rencontre de Dieu manifesté dans l’enfant Jésus ? (Un mage va traverser notre assemblée)

 

1.   1^er déplacement :   d’où   sont-ils   partis ?   De   l’Orient :   pour   nous   le   Liban,   la Syrie, la Turquie, l’ Irak. Mais pour les Chrétiens d’Orient, l’Orient est encore plus loin. De si loin qu’ils habitent et  scrutent les astres, ils ont  compris qu’un personnage important venait de naître, ils sont donc venus le chercher dans une capitale, Jérusalem, là où les rois vivent dans des palais. Mais le roi des Juifs qui vient de naître  ne règne pas dans un palais. Pour le découvrir il faut quitter nos réflexes de riches, de pouvoir et les idées que nous nous faisons sur lui. Et surtout rechercher ce que Dieu dit de lui-même.

 

2.  2^e déplacement que les Mages obligent Hérode à faire : l’écoute des Ecritures. Les spécialistes connaissent le prophète Michée et le Livre de Samuel. Mais pourquoi n’ont-ils pas bougé eux-mêmes. Hérode a la réponse, mais la peur lui fait faire d’autres projets. Comme quoi il ne suffit pas de connaître la Bible pour rencontrer le Seigneur de l’intérieur. Ce n’est pas en lisant   les   grandes  pages   d’horoscope   2018   dans  le   journal   ou   en  recherchant   des   soi-disant révélations de la Vierge qu’on sera éclairés sur le projet de Dieu, mais par l’écoute fréquente de sa Parole, l’évangile en premier. C’est  Lui la vraie Lumière qui éclaire tout homme. Encore faut- il  que nous soyons là pour la proposer. Les Mages ont eu besoin de ceux à qui la Parole est confiée.

 

3. Alors ils font confiance à cette Parole qui les réoriente vers un endroit inattendu. Qu’ont-ils pu se dire entre Jérusalem et Bethléem (c’est tout près) ? et en arrivant ? Peut-être ce que nous pouvons penser quand nous découvrons Jésus si proche, si humain, si fragile comme nous, le Sauveur si faible et si pauvre, si accueillant, qu’on n’a plus peur de se dévoiler, qu’on se sent aimé tel qu’on est, et qu’on sent monter en nous la joie, forte, profonde, qu’on a envie de tout donner…

 

4. Entrés dans la maison, ils se prosternent, et donnent ce qu’ils ont apporté de leur pays.

Sans doute Marie et Joseph, en voyage, auraient préféré autre chose que des parfums… Mais le Seigneur a besoin de tout ce qui vient des hommes. Comme notre Eglise.

Allez à la rencontre, dit notre Evêque, des jeunes de moins de 29 ans. Les richesses dont ils sont porteurs déroutent les adultes que nous sommes mais nous en avons besoin. Allez à la rencontre des personnes qui souffrent, isolées, blessées, mises de côté, il y en a près de chez vous : que disent-elles d’elles-mêmes, leurs attentes, leurs joies, de Jésus, des chrétiens ? A la rencontre de ceux que leur étoile a conduits à Jésus dans un sacrement, à l’église. Qu’ont-ils perçu de Jésus, qu’attendent-ils de ceux qui fréquentent l’évangile ?

Allez à la rencontre de ceux qui viennent d’ailleurs : ils ne sont pas une menace mais une richesse. Montrez une Eglise catholique, universelle, appelée à rassembler tous les peuples selon le projet de Dieu (Saint Paul), mais où chacun s’enrichit de la foi de l’autre.

 

5. Enfin : ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Ils ont compris qu’il leur faut vivre à l’image de l’Enfant Dieu et qu’ils en sont les missionnaires pour leur Orient. Nous allons laisser les Mages dans la crèche, tellement heureux de contempler Celui qu’ils ont cherché. Les Mages d’aujourd’hui, c’est chacun de nous, éblouis de joie par Jésus notre Lumière, nous qui allons partir à la rencontre de tous ceux pour qui Il s’est fait homme. Et  je vous invite, pour rentrer chez vous, à prendre un autre chemin  que d’habitude, même s’il fait nuit, un nouveau lotissement, une nouvelle rue, et prier pour ceux qui y habitent.