lundi 15 octobre 2018

Homélie du samedi 13 octobre 18 à Ingré par le Père Louis Raymond

Homélie du samedi 13 octobre 18 à Ingré
Il est toujours risqué de demander au Seigneur : Que dois-je faire ? Surtout si
nous n’avons pas envie d’aller trop loin…
L’homme de l’Evangile en fait la dure expérience. Il veut bien se donner, mais il a tellement de choses auxquelles il tient qu’il ne peut pas avancer aussi loin que va le lui proposer le Seigneur.
C’est vrai quoi !, cet homme est déjà bien vertueux, il vit tous les
commandements de Dieu. C’est déjà énorme. Mais voilà que Dieu lui demande
de se détacher de ce qu’il possède et qui fait de lui un homme riche et
considéré. Parce que la richesse, çà pose un homme. La pauvreté, au contraire,
çà le déprécie aux yeux des hommes.
Et si, aujourd’hui, moi qui suis là, toi qui es venu ce soir, et si aujourd’hui Jésus
nous disait : « Allez va, vends tout ce que tu as et suis-moi ! » que dirions-
nous ? par quelle porte nous enfuirions-nous ? Moi, je me souviens ce soir de
ce fameux 11 octobre 1961 où j’ai promis d’être pauvre pour le Royaume de
Dieu, où j’ai promis de ne rien posséder en propre. Mais je me souviens aussi
de tout ce que, par petits bouts, j’ai essayé de gratter et de récupérer. Il est
difficile d’être pauvre comme Jésus le veut, détaché de tant de choses
auxquelles je tiens. Parfois nous en avons des boites où nous pourrions écrire :
« petits bouts de ficelle ne pouvant servir à rien ». Des bouts de ficelle, des
choses sans valeur, mais auxquelles nous tenons tellement !
Moi, je me dis souvent que ce qui est le plus difficile à abandonner, ce ne sont
pas les choses, mais mes idées. On s’arc-boute pour tenir à des idées qui,
pourtant, n’ont pas une valeur si grande. Un peu de souplesse nous ferait sans
doute du bien. Et cela ferait aussi du bien à celles et ceux qui nous entourent.
Ça leur permettrait d’exister vraiment, d’avoir leur place, de pouvoir
s’exprimer.
N’empêche que l’appel lancé à cet homme, le Seigneur nous le lance à chacun.
Bien sûr il ne nous demande pas de nous délester de ce qui nous est nécessaire
pour vivre et faire vivre notre famille. Mais le Seigneur nous demande de nous
alléger, un peu comme celui qui est pèlerin. Pour bien rencontrer le Christ, il
faut qu’il y ait de la place dans notre sac, qu’il y ait de la place dans notre cœur.
Si tout est déjà bien rempli, comment voulez-vous que le Seigneur s’y invite ?
Faire le vide pour mieux le recevoir, mettre à côté ce qui est secondaire, brûler
ce qui ne sert à rien si ce n’est de nous encombrer, c’est certainement un
appel. Le Christ ne s’impose pas ; Il nous propose de venir habiter chez nous, en
nous.

Faire de la place à cet invité de marque qu’est le Christ suppose que l’on se
déleste de tout ce qui nous encombre, de nos idées toutes faites, de nos
manières de penser et d’agir. Suivre le Christ sera toujours un très beau
chemin, mais un chemin un peu ardu. Il faut beaucoup d’amour pour tout
donner. J’aime bien quand on chante le chant de Thérèse : « Aimer c’est tout
donner et se donner soi-même ! » Pas seulement donner ce que l’on a, mais
donner ce que l’on est, c’est beaucoup plus exigent. Se donner soi-même sans
retenue est l’œuvre d’une vie. Mais cette vie, elle est toujours portée par Jésus-
Christ. Sans cette présence, nous ne pouvons tenir très longtemps.
« S’enraciner en Christ », dirait Jacques BLAQUART, notre Evêque. Thérèse,
comme beaucoup de saints, a tout donné de ce qu’elle était et c’est pour cela
qu’elle a pu donner un tel témoignage de foi et d’amour. Tout donner sans
retenir ! l’appel va très loin et nous ne pouvons le vivre qu’avec cette présence
du Christ en nos cœurs.
Cette période difficile pour l’Eglise est ce temps du dépouillement. Partez sans
bagages, sans sacs, comme des pauvres que vous êtes, nous dit le Seigneur. Les
scandales qui traversent notre vie ecclésiale sont certainement une occasion
pour nous obliger à cesser toute arrogance. Nous sommes des pécheurs, des
pauvres et, sans le Christ, nous ne sommes rien. Voilà notre Eglise revenue à
vivre ce dépouillement indispensable pour ressembler à son Maître et
Seigneur. A force d’ignorer notre condition d’homme pécheur, nous nous
éloignons de Dieu et nous ne nous considérons plus comme ses créatures. Que
cette période rude pour l’Eglise ne nous décourage pas, mais fasse de nous de
vrais disciples-missionnaires du Christ.
Seigneur Jésus, toi qui t’es fait pauvre pour t’approcher de l’homme pécheur
que je suis, aide-moi à ôter de ma vie tout ce qui peut la polluer. Purifie-la et
embrase mon cœur au feu de ton Amour. Fais de moi ton disciple, ton
messager, ton missionnaire. Redis-moi à longueur de temps : « Heureux les
pauvres de cœur ! » et je serai proche de toi, proche des pauvres que tu ms
donnés comme frères et sœurs. AMEN !

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