jeudi 24 décembre 2020

homélie du père Louis Raymond pour la messe de la nuit de Noël

Homélie de la nuit de Noël 2020
Quelle merveille, cet enfant ! Quelle merveille que la vie qui naît ainsi dans une famille ! « C’est vrai c’est le mien ? », dit le Papa. « C’est moi qui ai fait cet enfant-là ! » affirme la Maman. Et les grands parents, eux, ils voient déjà la ressemblance : c’est tout son père. Il a quelque chose de la Tata Germaine. Il a la couleur de mes yeux, dit fièrement la grand-mère… Enfin tous s’extasient devant cette vie naissante. Et je pense à Marie et à Joseph : que sera cet enfant ? Ils ont eu des révélations hors du commun et il a été conçu du saint Esprit. Cà alors ? Rien n’est ordinaire dans cette naissance et les révélations n’arrangent pas les choses. Heureusement tous deux ont une foi à transporter les montagnes et ils font confiance à Dieu. C’est déjà vrai de toute naissance, mais alors là l’extraordinaire dépasse toutes les limites. Ils ont conscience que Dieu fait tout dans leur vie.
Oui, que sera cet enfant ? Pour nous, habitués depuis deux mille ans, nous avons l’impression de tout connaître de Jésus. Nous connaissons son évolution, depuis sa naissance jusqu’à sa résurrection d’entre les morts. Nous sommes à Noël, mais nous savons déjà ce qui se passera à Pâques. Et Peut-être bien qu’on en a justement trop l’habitude. Noël devrait être pour nous une grande nouveauté parce que Jésus ne cesse de naître en notre monde. Il n’est pas le même qu’à Bethléem, il n’est pas le même qu’à l’époque où Saint Mesmin vivait. Jésus n’est pas d’une époque. Il est de toutes les époques. Il est de toutes les générations puisqu’il vient toujours renaître parmi nous. Les bergers qui le chantent, les mages qui viennent l’adorer, aujourd’hui qui sont-ils ? C’est vous, c’est moi, ce sont les peuples du grand Nord, comme ceux du Sud qui, ce soir, l’honorent. Ce sont les pauvres d’aujourd’hui qui se reconnaissent dans ce petit enfant pauvre. Ils accourent du Nord et du Sud pour se prosterner et chanter la gloire de Dieu qui vient sur terre.
Mais je ne peux m’empêcher de me poser la question ce soir : Le Christ vient ce soir pour sauver cette terre, mais l’homme que je suis que fait-il, lui, pour participer à ce salut ? Que fait-il pour que l’homme soit mieux considéré, qu’il soit vraiment homme ? Que fait-il pour préserver cette création ? que fait-il pour sauver l’homme de sa dégradation ? Que fait-il pour que cette joie, cette espérance du jour de Noël soient partagées ? Oh oui, il y a eu des hommes et des femmes qui ont bien vécu le salut de Dieu et qui l’ont bien partagé. Tout le monde en connait de ces personnes qui n’ont de cesse de venir en aide à ceux qui souffrent, à ceux qui sont rejetés. On a cité Saint Mesmin, on a cité Saint François d’Assises, on a cité notre pape François. Et chacun peut allonger cette liste avec des personnes connues ou beaucoup moins connues, de ces belles personnes qui, comme Marie et Joseph, font confiance à la vie et se donnent pour que l’humanité vive pleinement. Nous en connaissons tous de ces baroudeurs de la charité qui font des maraudes chaque soir pour rencontrer les SDF, de ces soignants qui, en ce moment, sont en train de panser tant de plaies humaines, de ces humanitaires qui rencontrent des populations malmenées, méprisées, de ces politiques qui passent cette soirée avec des soldats au Tchad ou ailleurs, ou qui sont sur le pont pour que tout se passe bien, de ces gardiens de l’ordre qui permettent que cette nuit ne soit pas une nuit de violence. Oui, le Christ venant dans le monde se reconnaîtra dans toutes ces personnes qui aident à vivre dignement. Ce petit d’homme c’est la plus belle promesse que Dieu peut nous faire. Il nous engage à être, à notre tour, des sauveurs avec lui.
Nous sommes heureux de pouvoir célébrer ensemble cet évènement exceptionnel de la naissance du Christ. Pensons à ceux qui n’ont pas cette chance. Pensons aussi à ceux qui peuvent le faire. Tous sont concernés par le salut que cette nuit promet. Qu’ils soient capables de reconnaître le Dieu qui est déjà à l’œuvre et le Dieu qui vient faire toute chose nouvelle. Cette nuit est le point de départ de notre pèlerinage vers la Vie, cette Vie que nous recevons en abondance en cette nuit. En la nuit de Pâques nous pourrons proclamer : « Voyez ce qu’il est devenu, ce petit enfant de Noël : il est le VIVANT, le Ressuscité et nous vivons par lui. »


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