lundi 26 février 2018

Homélie du Père Jacques PISSIER - 2è dimanche de Carême - Année B - 24 février 2018


Constance était bien au chaud dans le ventre de sa maman. Il lui manquait l’essentiel : voir enfin son visage, et montrer le sien à ses parents. Ils peuvent lui dire maintenant :  mon enfant chéri, mon amour. Et comme c’est une fille, elle se regardera souvent dans la glace en se disant : Voyons, quelle tête je fais ? Quelle image je donne à voir ? Finalement, qui suis-je, à mes yeux, aux yeux des autres ?

Le visage de Jésus aussi a parlé. Ses 3 disciples en ont fait l’expérience éblouissante sur la montagne. Jésus devient resplendissant, son visage devient tout autre, ses vêtements d’une blancheur éclatante unique. Les voilà témoins étonnés de l’identité réelle de Jésus : le Fils du Père sur qui repose l’Esprit, celui qui réalise les promesses de Dieu, à la fois Moïse et Elie, la Loi et les Prophètes, la Parole et la Lumière de Dieu !

Les disciples sont dépassés, Pierre ne sait que dire, incapables de comprendre, mais ils s’en souviendront toujours ! Pierre en parle dans sa deuxième lettre : Ce ne sont pas des inventions, nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur. Il a reçu du Père l’honneur et la gloire quand est venue sur lui une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j’ai mis tout mon amour. Nous l’avons entendu nous-mêmes quand nous étions avec lui sur la montagne.  Et quand arrivera la Passion et la grande épreuve de la Croix, il leur restera cette certitude que confirmera la Résurrection : vraiment, cet homme est Fils de Dieu !

Pour Jésus lui-même cette confirmation d’être le Fils bien-aimé du Père sera une force et un soutien, quand il sera tenté d’en douter sur la Croix et qu’il criera : Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Frères et Sœurs, ce Carême nous donne de reprendre conscience de la beauté de notre être de baptisé. On nous a dit : Recevez la Lumière du Christ, veillez à l’entretenir et à vivre en enfants de lumière.  Notre corps tout  entier  est Temple de l’Esprit, perméable à l’Esprit. Destiné à redevenir poussière, il est d’abord destiné à rayonner la lumière.

Tout visage peut être défiguré par le mal : haine, colère ou maladie ; Jésus l’appelle à la transfiguration.  Il faut voir comment l’expérience spirituelle adoucit  les traits de celui qui a rencontré le Seigneur. [Je me souviens : une dame m’appelle pour donner le Sacrement des Malades à son oncle très âgé, et aussi pour elle. En sortant, elle me dit : Vous avez remarqué Mon oncle vous a reçu en pleurant, et après il vous a parlé en souriant, et moi aussi je me sens en paix, alors que je suis dépressive. – Mais oui, c’est toujours comme ça après un sacrement bien vécu.]

Toute vie peut être défigurée  par la faim, la peur, la violence, l’accident, la guerre. Le Pape nous invite à prier pour la Syrie, le Sud Soudan, la République démocratique du Congo en pleins chemins de croix.

Toute vie peut être  transfigurée par la  manifestation   de   Jésus.  Toute   personne   et   tout peuple, quelles que soient sa couleur et son histoire, a droit au respect infini, au respect de tous ses droits humains, et à connaître et manifester la Lumière de Dieu qui l’habite. Voilà ce qui donne sens à la Collecte du CCFD et la rencontre avec un de ses partenaires haïtiens en ce Carême.

Tout visage est beau de l’intérieur, vous n’avez aucun souci à vous faire. Si le péché, comme dit le psaume, le revêt d’un masque de laideur, courez trouver le Christ, dans la prière et le Sacrement de Réconciliation, il vous révèlera à nouveau votre Lumière.

Et si votre visage vous déplaît quand même, transfigurez-le par un sourire.

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